[CRITIQUE] : Aquaman

 [CRITIQUE] : Aquaman

Réalisateur : James Wan

Acteurs : Jason Momoa, Amber Heart, Patrick Wilson, Nicole Kidman, Willem Defoe,...
Distributeur : Warner Bros. France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Fantastique.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h24min.

Synopsis :

Les origines d’un héros malgré lui, dont le destin est d’unir deux mondes opposés, la terre et la mer. Cette histoire épique est celle d’un homme ordinaire destiné à devenir le roi des Sept Mers.


Critique :

Spectacle inoffensif, fun, kitsch, pétri de bonnes intentions et porté par de vraies idées couillues - même les pires -,#Aquaman est un blockbuster foutraque, rythmé et excessif, un crossover euphorisant, épique et sous LSD entre Flash Gordon, Avatar et La Colère des Titans ! pic.twitter.com/bYtYxTFhjC— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 18 décembre 2018

Censé être la nouvelle figure de proue avec la sublime Wonder Woman, d'un Worlds of DC infiniment prolifique en terme de projets (avec, au bas mot, une vingtaine de projets en production, une boulimie d'ailleurs loin d'êtrer arrivée à son terme...) mais cinematographiquement à l'agonie d'un point de vue qualitatif depuis la catastrophe Justice League - les mauvaises langues diront depuis Batman V Superman, voire Man of Steel -, Aquaman avait donc la lourde tâche non seulement de relever la pente avant l'inconnu (Shazam de David F. Sandberg, Joker de Todd Phillips ou encore Birds of Prey de Cathy Yan), mais surtout de définitivement imposer le superhéros comme une valeur sûre de cet univers bordélique et partagé, porté avec charisme par un Jason Momoa définitivement fait pour le rôle.

James Wan a connu plus lourd comme cahier des charges (la production chaotique et endeuillée de Fast and Furious 7), mais quand-même, pour l'enfant chéri de la Warner, l'affaire semblait méchamment imposante voire même très proche de la mission impossible à relever, et encore plus passé une campagne promotionnelle plus ou moins bien maîtrisée, avec des premières images aussi colorées que férocement foutraque.
Et force est d'admettre qu'aussi imparfait soit-il à sa vision, Aquaman envoie suffisamment du petit bois pour pencher du côté de la réussite, en incarnant un vrai film " à la Marvel " totalement imprévisible et WTF, condensant sur un tout petit peu plus de deux heures, à la fois ce que le blockbuster US a fait de pire et de meilleur ses dix dernières années.
[CRITIQUE] : Aquaman

Sorte de rencontre totalement improbable entre Avatar (avec un message écolo limite), Flash Gordon, La Colère des Titans et Man of Steel accouchant sur une véritable Guerre des Étoiles maritime ou l'excessivité au pluriel (visuel, la performance des comédiens, la réalisation etc...) est le mot d'ordre absolu, Aquaman, un poil plombé par une intrigue se voulant trop complexe - et inutilement surexplicative - mais au final prévisible à souhait (deux quêtes initiatiques pour un seul et unique trône accouchant sur une guerre finale à l'issue courue d'avance), est un OFNI de plaisir coupable, une bulle pop sous LSD férocement jouissive et hypnotique qui épouse a merveille la mythologie de son héros titre pour mieux la réécrire avec sa propre personnalité : généreuse et absurde à la fois.

Agréable spectacle inoffensif pétri de bonnes intentions et d'inventivité, au rythme d'enfer et porté par des vraies idées couillues (elles ne sont pas forcément toutes bonnes, mais elles ont le mérite d'exister), le film de Wan, résolument tourné vers l'action qui tache et qui en colle plein la face - c'est l'un des films les plus spectaculaire de 2018, et il en a parfaitement conscience -, est un blockbuster colossal visuellement indécent, une odyssée grisante et sauvage qui démontre autant la passion intarissable du cinéaste pour l'imaginaire fou que celle qu'il a de toujours proposer à son auditoire, des oeuvres au coeur gros comme ça, certes bancales mais infiniment plus riche et fun que 99% des grosses productions actuelles - et encore plus des films de superhéros.
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De manière totalement inédite, on assiste non pas à une origin story banal mais bel et bien à une interprétation de l'histoire d'Aquaman qui s'adapte à la personnalité de son interprète vedette, tant ce n'est pas Jason Momoa qui se glisse dans la peau d'Aquaman mais bien Arthur Curry qui se font dans la carcasse d'un Momoa habité et moqueur, dont l'attitude géniale laisse à penser qu'il a une gueule de bois du matin jusqu'au soir.

Il est le phare lumineux (malgré une écriture le plaçant en Tony Stark du pauvre ne voulant pas aider son prochain avant de finalement prendre son destin par les cornes) d'un casting vedette impliqué, n'ayant jamais peur du ridicule, que ce soit Nicole Kidman (qui fait ce qu'elle peut dans le rôle de la défunte et badass maman, victime d'un rajeunissement incroyablement hideux), Patrick Wilson (génial et tôt en excès dans le rôle du demi frère envieux), ou même Amber Heard (convaincante en Mera qui, loin du simple love interest, est une vraie guerrière a part entière).
Dommage qu'il ne laisse que trop peu de temps d'expression autant à Dolph Lundgren, en mode Musclor des Maîtres de l'Univers, mais surtout Temuera Morrison, touchant en tant que père affectueux et vulnérable d'Arthur.
[CRITIQUE] : Aquaman

Rehabilitant un personnage longtemps ridiculisé par la culture populaire, fusionnant avec une audace insensée des influences aussi diverses que le cinéma béni des 80's (Les Aventuriers de l'Arche Perdue, etc...), les comédies burlesque, les jeux-vidéos ou encore un fantastique lovecraftien, a tel point qu'il s'inscrirait presque dans la continuité du diptyque Hellboy de Guillermo Del Toro (l'émotion déchirante, le soucis maladif du détail et la maestria narrative et visuelle en moins, on est d'accord), Aquaman fait constamment fit de ses défauts et ose tout avec une générosité incroyable, en assumant pleinement le moindre de ses partis pris - même mauvais - pour mieux incarner un blockbuster quasi nanardesque mais génial, un trip protéiforme jusque dans ses effets spéciaux à la qualité diverse - pour être poli.

Un bon gros délire foutraque d'une autre époque, tout simplement.


Jonathan Chevrier


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