Réalisateur : Robert Zemeckis
Acteurs : Steve Carell, Leslie Mann, Eiza González, Janelle Monáe, Gwendoline Christie, Diane Kruger,...Distributeur : Universal Pictures International France
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Américain
Durée : 1h56min
Synopsis :
L'histoire de Mark Hogancamp, victime d'une amnésie totale après avoir été sauvagement agressé, et qui, en guise de thérapie, se lance dans la construction de la réplique d'un village belge durant la Seconde Guerre mondiale, mettant en scène les figurines des habitants en les identifiant à ses proches, ses agresseurs ou lui-même.
Critique :
Grande aventure expérimentale à l'échelle humaine techniquement incroyable, #BienvenueàMarwen est un merveilleux conte universel d'une subtilité et d'une justesse bouleversantes, un sommet de feel good movie aussi épique, drôle et spectaculaire qu'il est douloureux et lumineux pic.twitter.com/tcKTk0oW7F— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 20 décembre 2018
On avait laissé le génial - et le mot est faible - Robert Zemeckis fin 2016 avec l'injsutement boudé Alliés, faux film de guerre mais vraie romance contrariée sous fond de thriller Hitchcockien étirant sa lente toile dans les arcanes de l'espionnage antinazis
Une pure péloche à l'ancienne, volontairement anti-spectaculaire, glamourisé à outrance et épousant sans retenue le romantisme et le classicisme évident d'une intrigue certes simpliste et épurée à l'extrême (tout comme la mise en scène du cinéaste), mais à la maitrise remarquable.Jouant pleinement la thématique des faux-semblants avec un suspense et une tension redoutable - retournements de situations rocambolesques inclus -, le cinéaste opérait une mise en abime aussi séduisant qu'anxyogène dans la vie d'agents aux doubles identités, mettant dès le départ, ses deux héros à rude épreuve en faussant leur rapport dans un jeu du chat et de la souris réaliste (à la différence des blockbusters ricains, Zemeckis avait le bon gout de ne pas faire son film uniquement en langue anglaise) et obscur; dominé par un couple Marion Cotillard (parfaite)/Brad Pitt (monolithique) à l'alchimie convaincante.
Un diamant brut qui ne demandait qu'à être aimé en salles, et qui s'alignait brillamment sur le retour en forme indécent du bonhomme, après une décennie à user son aura en s'évertuant à vouloir façonner ce qui pouvait/devait être le cinéma de demain, le virtuel et la performance capture.
A nouveau méchamment boycotté de la course aux statuettes dorées, le voilà de retour pour embellir les premières heures de 2019 avec Bienvenue à Marwen, projet au long cours façon doux melting-pot de son cinéma béni, porté par le désespérément mésestimé Steve Carell.En narrant l’histoire vraie de Mark Hogankamp, un photographe vétéran de la Seconde Guerre Mondiale victime d’une violente agression un soir à la sortie d’un bar, qui va se reconstruire par la force d'un monde imaginaire peuplé de poupées, le papa de Forest Gump va renouer de manière totalement improbable, avec la fantaisie de son cinéma que l'on pensait perdu au fil du temps - malgré quelques bribes entraperçues dans le grisant The Walk.
Aidé par la plume experte de Caroline Thompson (Edward aux mains d'argent, La Famille Adams, L'Incroyable Voyage, L'Étrange Noël de Monsieur Jack, Les Noces Funèbres), le cinéaste opère quelques savoureux coups de rétroviseurs dans sa filmographie et fait de son film une sublime ode autant à la femme qu'à la puissance de l'imaginaire, terrain de tous les possibles et même de la thérapie, quand elle est couplée comme ici à l'art.
Véritable mélange des genres (le drame psychologique et intime, la comédie touchante se transformant peu à peu en feel good movie, le film d'animation,...) techniquement incroyable, le métrage croque avec une finesse rare, la reconstruction d'un homme brisé (Steven Carell, en tout point parfait) et isolé, en nous plongeant tête la première dans son univers fantastique, ce terrain de jeu bigger than life qui lui permettra d'exorciser son mal et de se sauver lui-même par la croyance d'une rédemption pourtant longtemps impossible.
Une envie criante de tenir le coup et de s'en sortir qui sera majoritairement motivé par les femmes qui vont habiter son quotidien (surtout le personnage de la voisine campée par la touchante Leslie Mann), des héroïnes à part entière - là ou l'homme n'est bon qu'à tuer et détruire - toutes différentes les unes que les autres, mais dont chaque personnalité va être le moteur vibrant qui vont l'aider à affronter son traumatisme et ses ennemis, d'abord dans son monde avant la réalité.Ou quand deux mondes, l'un fictif et l'autre bien réel, l'un doux et fascinant tandis que l'autre est indiscutablement gerbant et tragique, se répondent et s'assemblent avec une cohérence rare, pour ne faire qu'un dans la thérapie fantasque mais déchirante d'un héros Zemeckisien en diable, fusion sur pellicule de la douce rêverie d'un Forest Gump, la détermination de changer sa vie d'un Marty McFly et le génie artistique d'un Philippe Petit.
Grande aventure expérimentale à l'échelle humaine, assumant pleinement sa part d'ombre (et sa violence, souvent animée) autant que ses nombreux parti-pris, visuellement sublime et porté par une animation fluide et appliquée, Bienvenue à Marwen est un merveilleux conte universel d'une subtilité et d'une justesse bouleversante, un sommet de feel good movie aussi épique et spectaculaire qu'il est douloureux et lumineux, dont on ressort aussi émerveillé que conquis.
L'union fait la force, et le salut de l'humanité réside autant dans l'art et le pouvoir de l'imaginaire que dans la femme, c'est Zemeckis qui le dit, et on le croit sur parole.
Jonathan Chevrier