[CRITIQUE] : Bumblebee

Par Fuckcinephiles

Réalisateur : Travis Knight

Acteurs : Hailee Steinfeld, John Cena, Jorge Lendeborg Jr,...
Distributeur : Paramount Pictures France
Budget : -
Genre : Action, Aventure, Famille, Science fiction.
Nationalité : Américain
Durée : 1h54min

Synopsis :

1987. Alors qu'il est en fuite, l'Autobot Bumblebee trouve refuge dans la décharge d'une petite ville balnéaire de Californie. Il est découvert, brisé et couvert de blessures de guerre, par Charlie, une ado qui approche de ses 18 ans et cherche sa place dans le monde. Et quand elle le met en marche, elle se rend vite compte qu'il ne s'agit pas d'une voiture jaune ordinaire.


Critique :

Teen movie tout droit sorti des 80's citant autant Le Géant de Fer qu'E.T., aussi intimiste et mélancolique qu'il est d'une tendresse et d'une humanité étonnante, #Bumblebee est un beau divertissement familial, une aventure terre-à-terre nostalgique et légère, au ❤ gros comme ça pic.twitter.com/V2QFeQhNXl— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 20 décembre 2018

Avant de se transformer en apologie du Kaboom dont seul Michael Bay en a le secret (puisque Roland Emmerich lui, l'a perdu), Transformers premier du nom, de loin le meilleur de la franchise, avait une vraie saveur Amblin collée sur le dos de sa pellicule, entre le remake à peine masqué d'E.T. et du Géant de Fer, notamment dans sa première partie pleine de douceur, articulée autour de l'amitié touchante entre Sam Witwicky et Bumblebee avant de logiquement se transformer (haha) en un blockbuster sur un potentiel conflit mondial - mais aux USA -, oubliant partiellement que le sel du projet résidait aussi et surtout, sur le récit initiatique et adolescent des deux personnages.

Tonton Bay ayant volontairement rendu les armes, la Paramount se devait donc d'opérer un retour en arrière mignon pour recontextualiser une franchise ne sachant plus vraiment ou aller dans la destruction de masse, et en attendant de pleinement jouer la carte du reboot avec un sixième film, c'est par la case spin-off qu'elle va subtilement - ou pas - se renouveler avec Bumblebee, un prequel se déroulant bien avant la rencontre entre l'Autobot tout jaune et le gamin hyperactif campé par Shia LaBeouf, et posant sa toile durant les glorieuses 80's, à nouveau reines dans la chaîne alimentaire de la pop culture depuis le carton de la série Netflix Stranger Things.
Le tout chapeauté par la tête pensante du merveilleux studio Laïka, Travis Knight, qui signe pour la première fois un film en prise de vues réelles.

Plus Amblin et appelle direct à la nostalgie, tu meurs... et pourtant on achète, tant le film s'échine à nous offrir tout du long ce que l'opus original avait de plus séduisant dans sa première partie : un teen movie fantastique épuré de toute complexité narrative sur le conflit éternel et transposé sur Terre, entre Autobots et Decepticons, et signant un hommage volontairement aimant et sincère au chef-d'oeuvre E.T. de Steven Spielberg.

Passé son impressionnante ouverture (sur Cybertron, et semblant tout droit sorti de l'animé culte des années 80), le film de Knight se focalise pleinement sur son robot géant, dont on découvre la raison pour laquelle il a été catapulté sur Terre avant tous ses camarades (il servait d'éclaireur pour retrouver tous les Autobots perdus dans la galaxie avant de perdre la mémoire à la suite d'un combat), aussi bien que son penchant bouleversant pour incarner le protecteur d'une humanité qui lui veut majoritairement du mal, et sa faculté naissante à se reconstruire par la force de son amitié avec une jeune adolescente plus ou moins rebelle, Charlie (Hailee Steinfeld, convaincante).
Plus qu'un film d'action abrutissant - les scènes d'action ne sont pas légion -, Bumblebee est avant tout et surtout un merveilleux teen movie bigger than life aux douces saveurs 80's, une ode bienveillante à l'entraide, intime et colorée, qui ne révolutionne certes en rien le genre, mais qui charme autant par son savoir-faire (la mise en scène toute en sobriété de Knight en tête) que sa vraie volonté de bien faire.

Résolument tourné vers un public plus jeune, misant avec malice sur l'émotion - authentique -,l'humour - mignon - et une pluie de références plutôt bien digérées, le film de Travis Knight, visuellement somptueux et loin du kaboom ambiant des précédents Transformers (l'orgie pyrotechnique se résume uniquement à quelques séquences solides et un final puissant, et ce n'est pas plus mal), s'émancipe de ses imposants ainés et resserre simplement ses enjeux sur deux mômes abimés par la vie et dont la complicité indéfectible va leur permettre d'avancer, d'oublier un passé douloureux et de mieux affronter un avenir férocement incertain.

Une humanité sans doute naïve pour beaucoup (la simplicité n'est pourtant pas un défaut), mais qui fait pourtant tout le charme d'une oeuvre infiniment tendre, nostalgique et légère, sans doute un poil trop longue, mais au coeur gros comme ça.
Un vrai et beau divertissement familial, une aventure terre-à-terre qui vise juste, et qui s'avère une séance au moins aussi parfaite que Le Retour de Mary Poppins, en ces dernières heures ciné de décembre.


Jonathan Chevrier



La saga Transformers est peut-être la saga la plus controversée de ces dernières années. Après cinq opus, plus ou moins réussis (moins que plus, pour les derniers films, il faut le dire) mené par Michael Bay, la saga avait fait le tour et n’avait plus grand chose à nous raconter. Enfin, c’était ce qu’on croyait jusqu’au moment de l’annonce du premier spin-off, centré sur le robot jaune Bumblebee. Un choix surprenant au vu de la bande annonce, annonçant un virage plus centré sur l’émotion que sur le grand spectacle. Était-ce un bon choix ?

Bumblebee est réalisé par Travis Knight, à qui l’on doit le magnifique Kubo et l'Armure Magique. Un choix de réalisateur qui va s’avérer être une très bonne idée, car il apporte enfin des séquences d’action lisibles et maîtrisées, tout en apportant une touche de tendresse et d’émotion grâce à ses deux personnages principaux. Il est écrit par Christina Hodson (scénariste des prochains Birds of Prey et Gotham City Sirens de l’écurie Warner/DC), le gros changement de la saga, intégralement scénarisé par des hommes (et leur personnage féminin entouré de male gaze). Nous avons enfin droit à une héroïne bien écrit, qui n’a pas besoin d’être sexualisée à outrance pour paraître intéressante aux yeux des spectateurs. Un changement de point de vue bienvenu !

Le film s’ouvre sur une séquence incroyable présentant la guerre faisant rage sur Cybertron, avec les Decepticon voulant prendre le contrôle. Optimus Prime charge les Autobots de la rébellion de se replier et envoie B-127 (qui ne s’appelait pas encore Bumblebee) sur Terre préparer leur arrivée. Son atterrissage ne se passe pas comme prévu, attaqué à la fois par des militaires humains et par un Decepticon qui l’a suivi. Un combat titanesque fait rage, où notre cher B-127 en sortira vainqueur. Mais à quel prix ? Blessé gravement, il a perdu sa voix et sa mémoire interne est corrompue. Dans un acte de protection, il s’éteint en prenant la forme d’une coccinelle jaune. Voiture que va trouver par hasard Charlie, tout juste 18 ans. Cette jeune femme est en plein processus du deuil de son père et ne s’en sort pas très bien. Sa mère a refait sa vie, elle ne se sent pas à sa place dans cette famille. Elle passe donc son temps à retaper la vieille voiture de son père, tout en rêvant du jour où elle pourra prendre son indépendance et partir. Quand ils se rencontrent, ils sont tous deux solitaires et malheureux. Leur amitié va leur redonner un sens à la vie et les aider mutuellement. Evidemment, ils ont à peine le temps d’apprendre à communiquer, que deux Decepticons retrouvent la trace de Bumblebee et menacent la vie de tous les Autobots encore en vie dans l’espace.


Plus de doute possible quant au au virage perpétré par ce spin-off. Il revient au racine de la saga, comment les Autobots sont arrivés sur Terre et surtout se concentre sur la relation qu’ils entretiennent avec les humains. En résulte, un film qui joue sur deux fronts : le spectacle et l’émotion. Pour un blockbuster, Bumblebee est d’une sobriété impressionnante, mettant de l’action juste ce qu’il faut, tout en évitant l’étalage d’explosion numérique qui parasitait l’écran sur les autres films de la saga. L'objectif étant, de la qualité plus que la quantité. Ce qui laisse aussi de la place pour cette amitié entre un humain et un extraterrestre/robot. Nous pouvons penser aux films Les nouveaux Héros, où le personnage principal avait perdu son frère et retrouvait goût à la vie grâce au robot Baymax, ou Le Géant de Fer, avec ce robot tendre et maladroit. Cette recette plus intime fonctionne parfaitement car leur amitié est bien traitée. Bumblebee est attendrissant et Hailee Steinfeld apporte tout son charisme et son talent pour camper cette adolescente perdue et infiniment triste. Ce côté teen movie/action en décevra beaucoup, trouvant le film beaucoup trop niais pour fonctionner.


Bumblebee apporte un regard différent sur la saga Transformers, et propose un récit intimiste sur deux personnages à l’amitié si touchante et tendre qu’il est quasiment impossible de ne pas verser sa petite larme. Un côté plus enfantin qui ne plaira pas à tout le monde donc, mais qui est le bienvenu pour cette période de fête.


Laura Enjolvy