Chaque semaine je fais — pour vous — le tour des programmes TV en extirpant de tout cela une programmation cinématographique autour de trois œuvres.
Semaine du 23 Décembre au 29 Décembre
Dimanche 23 Decembre.
Mars Attacks ! de Tim Burton sur 6Ter.
Les petits bonshommes verts ont enfin décidé de nous rendre visite. Ils sont sur le point d’atterrir dans leurs rutilantes soucoupes. La fièvre des grands jours s’empare de l’Amérique dans une comédie de science-fiction nostalgique des années cinquante.
Avec ce long-métrage, Burton offre autant un hommage aux récits de SF des années 30 qu’une satire sous acide de la société américaine. Il détourne l’invasion extra-terrestre en un énorme sketch faisant des petits bonshommes verts des êtres hargneux, cynique et belliqueux. Ayant pour seul but de nous exterminer en y prenant le plus de plaisir possible. Mais surtout, le cinéaste s’amuse des travers de ses concitoyens, il se moque autant des politiques que des scientifiques invités sur les émissions pour leurs plastiques plus que pour leurs connaissances. Tout cela donne lieu a un film cruellement désopilant, il faut dire que le cinéaste ose tout dans ce grand delirium qui fait presque de Mars Attacks une sorte d’OVNI dans sa carrière.
Mercredi 26 Decembre.
Asterix et le Domaine des Dieux d’Alexandre Astier et Louis Clichy sur M6.
Un village peuplé d’irréductibles Gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Exaspéré par la situation, Jules César décide de changer de tactique, ne s’imposant pas par la force, il décide s’imposer par la civilisation romaine elle-même qui saura séduire ces barbares gaulois. Il fait donc construire à côté du village un domaine résidentiel luxueux destiné à des propriétaires romains : Le Domaine des Dieux.
Il fallait bien un Alexandre Astier pour se hisser à la hauteur du Mission Cleopatre d’Alain Chabat, c’est chose faite avec le réjouissant Domaine des Dieux. Le créateur de Kaamelott délaisse le live action tout autant que le dessin animé pour oser le film d’animation. Il s’adjoint les services de Louis Clichy qui offre des images splendides mettant en valeur le trait d’Uderzo. Visuellement impeccable, le long-métrage est un bel exercice d’équilibre entre l’humour propre à l’univers développé par Goscinny et celui tout aussi singulier d’Alexandre Astier. En faisant le choix du Domaine des Dieux, Astier déploie un récit plus insidieux puisque l’attaque des Gaulois se fait sous l’angle de la civilisation y dénonçant ainsi la société de consommation tout autant que l’urbanisation massive.
Jeudi 27 Decembre.
Roger Tornhill se retrouve par erreur dans la peau d’un espion. Pris entre une mystérieuse organisation qui cherche à le supprimer et la police qui le poursuit, Tornhill est dans une situation bien inconfortable. Il fuit à travers les États-Unis et part à la recherche d’une vérité qui se révélera très surprenante.
Pour tout novice du cinéma hitchcockien, La Mort aux Trousses apparaît comme le film résumant le mieux l’œuvre du réalisateur. Un homme ordinaire, injustement accusé, qui se retrouve pris dans un engrenage diaboliquement efficace. La force principale du long-métrage, qui fait qu’il est encore aujourd’hui d’une grande modernité, c’est son sens du divertissement, Hitchcock assène avec virtuosité des scènes dantesques qui marque la rétine. C’est ici que se trouve la clé du génie hitchcockien, le scénario astucieux d’Ernest Lehman devient entre les mains du réalisateur non pas un énième thriller, mais un bijou de mise en scène. Si, La Mort aux trousses qui se glisse entre deux œuvres majeurs du cinéaste — Vertigo et Psycho — est loin d’être un film anecdotique. Il est la démonstration du talent du réalisateur qui ose conclure son long-métrage sur une scéne en forme de pieds de nez au code Hays.
Thibaut Ciavarella