1h25 en tête à tête avec un flic du 112 (numéro d’appel d’urgence) enfermé dans un bureau impersonnel à la lumière froide ; un énième huis clos pour un énième film à dispositif ? On peut y penser dans un premier temps ; « Buried » est même la première association qui m’est venu à l’esprit. Mais ce film va plus loin que la mise en place d’un dispositif astucieux ; le son et le montage sont les acteurs secondaires d’un film en temps réel où tout se passe en hors champ. Hyper roublard, Gustav Möller nous dévoile au travers des coups de fil entrants et sortant du flic, la propre histoire de ce dernier mais aussi les éléments d’une histoire d’urgence qu’il doit prendre en charge. Comme lui, nous sommes conduits à élaborer un ou des scénarios à propos de cette femme enlevée qu’il essaie de sauver. Et nous, comme spectateurs, faisons la même analyse de la situation que le flic. Et c’est donc le spectateur qui co construit le film. Et c’est très fort avec des moyens aussi modestes (film tourné en 13 jours dans une seule pièce) de parvenir à offrir un thriller minimaliste aussi redoutable et chirurgical. Il n’invente rien ; Hitchcock lui-même rêvait de faire un film à suspense se déroulant dans un seul lieu, une cabine téléphonique. Et c’est cette prouesse que saluèrent de nombreux festivals cet été au point de faire de ce film une pépite de l’été et peut être plus encore. Un petit premier film sans artifice qui en met malgré tout plein la vue.
Sorti en 2018
Ma note: 15/20