A première vue on peut s'attaquer à l'opportunisme Netflix, car au vu du speech de ce projet on pense aussitôt à une variation du film "Sans un Bruit" (2018) de John Krasinski. Néanmoins rappelons que ce projet est une adaptation du roman éponyme (2014) de Josh Malerman dont les droits avaient été acquis dès 2013 par Universal, le producteur Scott Stuber avait alors l'idée d'offrir la réalisation à Andrès Muschietti, cinéaste heureux des succès (2013) et (2017). Néanmoins, le film est revenu dans le giron Netflix après que Stuber soit devenu directeur.
La réalisation est revenu finalement à la réalisatrice danoise Susanne Bier qui est connu pour ses drames familiaux comme "Brothers" (2004), "After the Wedding" (2006), (2011) et (2014). Le scénario a été finalisé par Eric Heisserer qui se fit un nom avec les remakes de films d'horreur cultes comme "Freddy - les Griffes de la Nuit" (2010) de Samuel Bayer et "The Thing" (2011) de Matthijs Van Heijningen Jr. avant de se lancer à la réalisation avec le médiocre (2014) et de retourner à l'écriture avec "Dans le Noir" (2016) de David F. Sandberg et surtout "Premier Contact" (2016) de Denis Villeneuve. A noter tout de même qu'on retrouve à la production une certaine Barbara Muschietti, productrice et épouse de Andy Muschietti... On suit donc une femme enceinte sur le tard, qui semble hésiter à le garder alors qu'un épidémie d'origine inconnue pousse les gens à se suicider ou à tuer. Seule solution, se bander les yeux... L'héroïne est incarnée par Sandra Bullock, belle star cinquantenaire qui, après 3 ans d'absence, semble bel et bien de retour après (2018) de Gary Ross. Elle retrouve d'ailleurs sa partenaire de ce dernier film Sarah Paulson. Elle sont entourés des vétérans Jacki Weaver et John Malkovitch mais aussi d'une nouvelle génération dont Trevante Rhodes vu cette année dans "Horse Soldiers" (2018) de Nicolai Fuglsig et "The Predator" (2018) de Shane Black et la jolie Rosa Salazar encore abonnée aux seconds rôles mais elle devrait exploser bientôt avec l'ambitieux "Alita : Battle Angel" (2019) de Robert Rodriguez... On constate effectivement les nombreuses similarités avec "Sans un Bruit" (2018) de John Krasinski, d'un côté il faut éviter le bruit, ici il faut éviter de regarder. Mais au fur et à mesure on constate aussi que le lien s'arrête à ce détail, en effet sinon on pense aussi à "Freddy" où il ne faut pas dormir, où encore à où il ne faut pas faire l'amour ! Par contre on pense aussi fortement à "Phénomènes" (2008) de M. Night Shyamalan tandis que cette propension très Netflixienne à choisir des films aux finales ouvertes et philosophiques comme dans "Annihilation" (2018) de Alex Garland ressemble fortement à une recette systématique... Le montage joue entre flash-backs et flash-forwards pour un récit se déroulant sur un peu plus de 5 ans. Si au début on reste circonspect ce concept s'avère plutôt judicieux et permet de ne pas se reposer sur un simple survival sur une rivière. Mais le plus choquant reste les personnages caricaturaux malgré 1-2 paramètres qui caressent la démagogie dans le sens du poil. Ainsi l'idylle entre un jeune black bodybuildé avec une quinqua bobo blanche ne peut cacher le fait que les jeunes sont des égoïstes, un blonde un peu forte est gentille gentille, un vieux est un on réac... etc...
La vraie force du film réside pourtant dans cette héroïne bobo artiste enceinte mais qui reste solitaire, cynique et sans aucun instinct maternel. Malheureusement, ce paramètre entre maternité et danger n'est jamais approfondi et se résume à un baptême express. Résultat, au fil du récit on ne ressent aucune empathie pour cette maman certe courageuse mais dénué du plus simple amour. Reste donc surtout le frisson qu'une telle histoire se doit d'offrir. Là on reste un peu sur notre faim malgré quelques bonnes séquences. Les meilleures étant dans la maison avec la petite communauté, les plus mauvaises étant sur la rivière ; rappelons ainsi que le "mal" est invisible pour le spectateur mais visible pour les "proies" et se résume à une sorte de rafale de vent. La survie se résume donc à avoir un bandeau sur les yeux, alors question : pourquoi paniquer quand les yeux sont bien bandés et que le "mal" ne peut strictement rien autrement ?! Un détail sans doute mais qui met surtout à mal le côté frisson qui ne fait de l'effet qu'à de trop rares occasions et qu'on doit surtout aux performances des acteurs et à une mise en scène inspirée. Quelques passages sont parfois tirés par les cheveux comme la conduite à l'aveugle mais avec GPS... En conclusion un bon film du genre mais qui reste trop en surface (surtout sur l'instinct maternel, mais aussi sur le pourquoi du comment entre meurtre et/ou suicide) dans ses thématiques. Un bon moment à défaut d'atteindre les objectifs pourtant obligatoire et nécessaire à un tel film.
Note :