La vie de Marie n’est pas un long fleuve tranquille et donc pas non plus une histoire si simple. Marie est une femme moderne et indépendante ; elle avorte de son amant, seule à l’hôpital avant même d’avoir actée sa séparation ; elle a un fils de 16 ans d’un premier mari avec lequel elle est en toujours en bon terme. Après « Vincent, Paul… » ; Sautet met la femme, sa condition et ses nouvelles aspirations au cœur du film. On est en 1978, le débat sur l’avortement vient d’être clos, le divorce n’est pas rentrée dans les mœurs ; Sautet accompagné par Dabadie au scénario propose un vrai portrait avant-gardiste de femmes modernes de cette époque. Marie se saisit à pleine main de cette liberté même si parfois on la sent perplexe devant autant de possible. Et c’est ce portrait de femmes résolument indépendantes et modernes qui est avant-gardiste dans ce film et qui en fait un témoignage fort d’une époque. Après ce n’est pas le meilleur Sautet ; réalisateur qui recycle ici sans trop d’envergure ses vieilles habitudes : alcool, clopes, bar enfumés, verres claquants sur le zinc, caméra observant derrière une vitre ou à travers un miroir, cadres supérieurs dans leurs maisons de campagne, repas de groupe,… Et tout ceci sans entrain. Là où il excelle dans ce film ; ce sont dans les scènes assez muettes où regards, postures, gestes prennent une dimension supérieure au texte. Quand sa caméra s’éternise, Romy Schneider offre une intention, une intonation, une expression riche de sens ; une palette de jeu inouïe qui lui valut le César. Bruno Crémer, du côté masculin, est le seul à rivaliser d’autant de nuances en face d’elle. La scène sous le porche sous la pluie ; première scène dans laquelle Schneider/Cremer se croise ; est d’une intensité rare tout en étant pauvre en dialogue. Aussi des phrases de rupture dont fait partie la lettre adressée par Marie à Serge sont cinglantes et intelligentes ; se démarquant d’un flot de banalité.A voir comme le témoin d’une époque.
Sorti en 1978
Ma note: 13/20