Un grand merci à Gaumont pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Attention, une femme peut en cacher une autre » de Georges Lautner.
« Et si un homme te parle, tu me le dis ! »
Alice, jeune secrétaire médicale à Paris, possède en réalité une double vie. Elle est en effet aussi rééducatrice dans un centre thermal de Trouville. Mais ce n’est pas tout : Alice partage aussi deux hommes qui ignorent forcément tout l’un de l’autre. D’un côté, il y a Philippe, pilote d’avion, et de l’autre Vincent, instituteur quadragénaire. Que se passerait-il si Philippe ou Vincent apprenaient la vérité ?
« Je ne savais pas comment m’en sortir... Mais je crois surtout que je ne voulais pas m’en sortir »
Principalement connu pour ses fructueuses collaborations avec Michel Audiard (« Les tontons flingueurs », « Les barbouzes », « Ne nous fâchons pas », « Le pacha »...), Georges Lautner aura écrit tout un pan de cinéma populaire des années 60 jusqu’à la fin des années 80, principalement marqué par les films de gangsters truculents et les filins policiers virils (« Mort d’un pourri », « Flic ou voyou », « Le professionnel »). Pourtant, à partir de la fin des années 70, dans ce qui restera comme la dernière phase de sa carrière, Lautner élargit son répertoire et s’essaye également à la comédie de mœurs, avec des films comme l’hilarant « On aura tout vu ! » ou « La cage aux folles 3 ». En 1983, après trois polars à succès portés par Jean-Paul Belmondo, il s’offre ainsi une parenthèse de légèreté avec « Attention, une femme peut en cacher une autre ! », qui marque son unique collaboration avec le scénariste à succès Jean-Loup Dabadie.
« Je vous prie de bien vouloir lâcher ma femme, c’est la mienne, je l’ai vue le premier ! »
Immortalisé par la comédie « Sérénade à trois » de Lubitsch, puis, plus tard par la fresque mélodramatique « Jules et Jim » de François Truffaut, le triangle amoureux est devenu depuis un postulat assez commun, inspirant nombre de classiques (« César et Rosalie », « Les parapluies de Cherbourg », « La fille de Ryan »...). Toutefois, en ce début des années 80, Lautner bouleverse ici quelque peu les équilibres habituels en plaçant son personnage féminin en position de force au sein du triangle amoureux : c’est bien elle qui mène délibérément une double vie et qui fait le choix de cacher cet état de fait à ses deux familles, et qui plus est à ses deux amants. Un rôle de manipulateur lâche et de menteur qui était jusqu’ici traditionnellement plutôt l’apanage des personnages masculins. Une inversion qui place les deux protagonistes masculins en position de faiblesse, ce qui demeure alors plutôt novateur au cinéma. Si le film est ainsi plutôt traité sur le ton de la légèreté, grâce notamment à la fantaisie d’Eddy Mitchell (qui fait ses propres ordonnances chez son médecin !) et à la verve comique des seconds rôles féminins (Dominique Lavanant et Charlotte de Turckheim), il prend néanmoins des allures de mélodrame à mesure que l’on approche de sa conclusion. En dépit d’une écriture profondément tendre et de personnages plutôt attachants, le film souffre cependant de quelques longueurs et de certains excès de mièvrerie (la rencontre des deux compagnons qui finissent par sympathiser) qui empêche d’y adhérer totalement. Et ce d’autant plus que trente-cinq ans et trois « Bridget Jones » plus tard, le (joli) portrait de cette femme libre parait un peu daté. Un Lautner mineur donc, mais plutôt agréable.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné des modules suivants : « Je ne sais faire que du cinéma » Interview inédite de Marc Rivière, assistant réalisateur, « Attention, une femme peut en cacher une autre ! » travail de restauration et Bande-annonce.
Edité par Gaumont, « Attention ! Une femme peut en cacher une autre » est disponible en blu-ray depuis le 7 novembre 2018.
Le site Internet de Gaumont est ici. Sa page Facebook est ici.