De Louis-Julien Petit
Avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky
Chronique : Les Invisibles lorgne vers le cinéma social britannique de Ken Loach. Engagé certes, mais pas dénué de cœur.
En bâtissant son récit autour du combat d’un centre d’accueil pour femmes SDF, le jeune réalisateur s’offre de poignants portraits. Des femmes malmenées et broyées par la vie, mais décidées à conserver un semblant de dignité. Le film regarde la misère de notre pays droit dans les yeux, sans démagogie, ce qui est sa principale qualité, mais avec malgré tout quelques lueurs d’espoir. En faisant se côtoyer des actrices professionnelles (quatuor royal composé de Lamy – Maserio – Lvovsky – Lukumeana, prix d’humanité collectif) et d’autres ayant réellement connu la rue, le réalisateur touche à une frappante authenticité. Sa mise en scène délaisse d’ailleurs assez vite le style documentaire des premières minutes pour une réalisation plus travaillée mettant en valeur le regard, la force et le vécu de ces femmes ainsi que la générosité de celles qui leur viennent en aide. Certains passages sont empreints d’une jolie poésie quand d’autres vibrent d’une énergie pas si éloignée d’un Full Monty.
Sans jamais nier leur dénuement et l’extrême difficulté de leur quotidien, Louis-Julien Petit refuse de victimiser ses héroïnes. Les Invisibles témoigne puissamment de leur précarité et de leur vulnérabilité, mais sait aussi insuffler de l’humour et une émotion non feinte, même lorsqu’il s’aventure brièvement sur les codes de la romcom de manière inattendue.
Sa grande réussite est de divertir, amuser, alerter mais sans misérabilisme et sans jamais perdre de vue l’implacable constat social qu’il dénonce. Un jeu d’équilibriste parfaitement maîtrisé.
Synopsis : Suite à une décision municipale, l’Envol, centre d’accueil pour femmes SDF, va fermer. Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s’occupent : falsifications, pistons, mensonges… Désormais, tout est permis !