Edmond – 14,5/20

Edmond : AfficheDe Alexis Michalik
Avec Thomas Solivérès, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner

Chronique : Alexis Michalik est le golden boy du théâtre parisien. Ses pièces triomphent à juste titre et son talent de conteur et de metteur en scène est loué tout aussi légitimement. On se demandait donc ce que l’adaptation d’Edmond, son petit bijou virevoltant d’inventivité allait rendre sur grand écran.
Sans la contrainte qu’impose l’espace limité d’un plateau de théâtre, il perd inévitablement ce petit côté bricolo génial qui fait que ses limites deviennent sa force. La virtuosité d’une mise en scène en mouvement permanent, de décors mouvants, des comédiens protéiformes, cette folle ingéniosité, marque de fabrique de l’auteur/metteur en scène, était le sel de la pièce de théâtre.
Il manque donc forcément au film cette magie propre au spectacle vivant, mais il compense par une énergie de tous les instants, dans un format vaudevillesque plus classique, mais indéniablement réussi. D’une grande ambition formelle (le Paris fantasmé du début du siècle est magnifique) son Edmond de cinéma parvient à traduire tout ce que sa pièce contenait et ce n’est pas un mince exploit : la drôlerie, le burlesque, l’euphorie de la création mais surtout l’amour du théâtre et de ceux qui le font. Pour ne pas risquer de tomber dans l’écueil du théâtre filmé, Michalik profite de tout ce que peut lui offrir le cinéma, son ampleur, sa profondeur de champ, le rythme que peut imposer un montage maîtrisé et de savoureux dialogues déjà étrennés sur scène et qui se fondent miraculeusement dans le scénario grâce au talent et à la précision d’excellents acteurs, à commencer par le grand Olivier Gourmet qui nous sert un Coquelin parfait. Edmond sera aussi sans doute un marqueur important pour la carrière de Thomas Solivérès, qui livre une première prestation « adulte » très convaincante en auteur neurasthénique sur le point de donner à la littérature française une de ses œuvres majeures.
En s’échappant un moment des planches qui l’ont vu naître, Edmond devient une ode au théâtre et à la création, un film populaire et emballant.

Synopsis : Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n’a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d’angoisses. Il n’a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin une pièce nouvelle, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n’est pas encore écrite. Faisant fi des caprices des actrices, des exigences de ses producteurs corses, de la jalousie de sa femme, des histoires de cœur de son meilleur ami et du manque d’enthousiasme de l’ensemble de son entourage, Edmond se met à écrire cette pièce à laquelle personne ne croit. Pour l’instant, il n’a que le titre : « Cyrano de Bergerac ».