Avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini
Chronique : Green Book est un film très sympathique. C’est à la fois sa principale qualité et son plus grand défaut.
Très, trop léger dans sa charge contre le racisme endémique et violent qui sévissait dans les états du sud dans les années 60, Green Book fait trop peu retentir sur son histoire le contexte politique de l’époque (les frères Kennedy au pouvoir, les débuts de la lutte pour les droits civiques…)
Pourtant le sujet est lourd : le road movie en terres ségrégationnistes d’un pianiste noir et de son chauffeur italien. Le réalisateur fait le choix de le traiter sur le ton de la comédie. Cela peut surprendre, mais c’est aussi paradoxalement ce qui donne, sur la longueur, sa force au film.
En effet, Green Book est surtout la rencontre de deux immenses acteurs dont la complémentarité et le charisme finissent par susciter une franche adhésion et atténuer les réserves sur les ficelles d’un scénario attendu. Viggo Mortensen est impressionnant en italien bedonnant et bourru privilégiant les poings aux lettres comme mode d’expression et qui va progressivement se polir au contact de son inattendu patron. Son pragmatisme et son côté provocateur, son accent rital impayable, sa goinfrerie en font un personnage comique qu’incarne magistralement Mortensen et c’est une vraie révélation. En face, le grand Mahershala Ali est la parfaite illustration de l’élégance torturée. Il trimballe sa classe autant que sa solitude, exclu aussi bien pour sa couleur de peau que par son statut social. Le courage dont fait preuve le Docteur Shirley pour mener cette tournée à bout va apparaître de plus clairement au fil des kilomètres et des concerts.
Leur duo fonctionne à merveille, drôle et touchant, il nous entraîne dans cette histoire d’amitié singulière sur la tolérance et l’acceptation. Green book est autant un feel good movie qu’un témoignage certes feutré mais audible d’une époque qu’on entend encore résonner un peu trop fort aujourd’hui.
Synopsis : En 1962, alors que règne la ségrégation, Tony Lip, un videur italo-américain du Bronx, est engagé pour conduire et protéger le Dr Don Shirley, un pianiste noir de renommée mondiale, lors d’une tournée de concerts. Durant leur périple de Manhattan jusqu’au Sud profond, ils s’appuient sur le Green Book pour dénicher les établissements accueillant les personnes de couleur, où l’on ne refusera pas de servir Shirley et où il ne sera ni humilié ni maltraité. Dans un pays où le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, les deux hommes vont être confrontés au pire de l’âme humaine, dont ils se guérissent grâce à leur générosité et leur humour. Ensemble, ils vont devoir dépasser leurs préjugés, oublier ce qu’ils considéraient comme des différences insurmontables, pour découvrir leur humanité commune.