NAUSICAA DE LA VALLEE DU VENTD'Hayao Miyazaki
Nausicaa est une petite princesse qui explore les alentours de son village, portée par l'aile, de ce qui se rapproche d'un deltaplane. La foret toxique est son aire d'étude. Elle est la seule de son village à s'aventurer sans crainte en son sein. Les insectes géants et les spores de la végétation pouvant tuer n'importe lequel d'entre eux en quelques heures. Un jour, elle aide un voyageur qu'elle connait bien, puis un avion au contenu bien étrange s'échoue dans son petit village reculé balayé par les vents marins.
Ce film prend son origine dans les deux premiers tomes d'un manga d' Hayao Miyazaki qui en compte sept.
Avec ces deux tomes, Miyazaki, nous dessine un conte. Il créé pour ce film un univers en s'appuyant sur deux axes biens connus.Il implante son histoire dans une dystopie futuriste. Tout en créant un lien avec notre période au détour d'un dessin. Au moment où se situe l'histoire, après une guerre de sept jours, la terre et une partie de la population ont été détruits et une foret toxique a pris leurs places. Apres un processus que je vous laisse découvrir, les hommes déjà décimés par la guerre ont vu leur nombre se réduire encore à cause de cette foret.Mais le récit garde aussi un pied dans quelque chose de plus traditionnel qui est la transmission des légendes et des contes à l'oral. C'est par le biais d'une vielle femme, un peu chaman qui raconte l'arrivée d'un homme providentiel « l'élu descendra des cieux sur les terres dorées, il sera vêtu de bleu et rassemblera les terres qui étaient séparées. Il redonnera aux hommes un monde beau et pur ». Ce double ancrage permet à chacun de trouver ce qu'il a besoin pour se laisser prendre par le récit.
Miyazaki créé aussi des personnages caractéristiques et forts. Notre héroïne porte le nom d'un personnage de l’Iliade de Homère. Elle aussi princesse, elle aussi au bord de la mer (elle était la princesse de Corfou), elle aussi connue pour avoir sauvé quelqu'un.Pour l'aider il y a un chevalier errant, qui a choisi le prénom de Nausicaa, que l'on peut donc voir comme son parrain. Il est un guerrier redoutable voire le meilleur.Son garde du corps est loin d’être à son niveau, mais il est dévoué. Il n'y a jamais aucun doute sur sa loyauté envers sa princesse. Ce qui contraste avec d’autres personnages du récit.Un prince guerrier aura une grande importance également, mais ce sont deux autres princesses toutes les deux meurtries dans leurs chaires qui changeront le fil de l'histoire. Et je pense qu'il n'est pas anodin pour ce réalisateur si intensément féministe de mettre ne scène ces corps meurtris qui veulent sauver l'humanité chacune d'une manière très différente
Pour sa composition ce film reprend la trame typique d'un conte. Avec un déclencheur que je peux vous citer sans rien spoiler, un crash d'avion, des épreuves, des éléments de solutions, une résolution de problème et une conclusion dont je ne vous dirai rien. Cependant il est bon de noter que ce filme flirte beaucoup avec le conte merveilleux, sans pour autant verser dans la féerie ou le surnaturel. En effet tout ce qui est foret interdite avec ses insectes géants les oomus ( petite digression; j'ai trouvé à peu prêt toutes les orthographes pour ce mot, qui semble être la retranscription du japonais pour dire «gros insectes»; j'ai choisi celle que je trouvais la plus mignonne), toute sa faune et sa flore luxuriante ont des accents oniriques mais assez peu effrayants. Ils sont captivants et à part les oomus ont des formes proches de la réalité. De la même manière Nausicaa n'a pas de pouvoir spéciaux, elle ne vole pas. Elle a le sens du vent qui peut lui permettre d'utiliser cette aile. Elle ne parle pas aux animaux, elle a juste une empathie sur développée qui lui permet de les comprendre et sa grande bienveillance fait le reste. Rien n'est vraiment de la science fiction tout est juste de la réalité augmentée.
Un conte a toujours un but, un objectif, une morale. Ici ,il est évident que le propos est écologiste. Il est temps de considérer la terre ou nous vivons comme une priorité et de comprendre que nous formons un tout. Le discours de ce film nous parle d'écoute du respect de la vie et de ce qui nous entoure et nous incite à étudier, à comprendre ce qui nous effraie plutôt que de le détruire.Si ce discours, trente cinq ans après la sortie de ce film a un écho si fort et si particulier dans ce monde où le réchauffement climatique est la menace de ces prochaines années. Il prend aussi tout son sens si on replace ce film dans le contexte du Japon. Cette ville balayée par les vents pourrait totalement être une île, et elle se retrouve entourée d'une mer de sel et d'un lac acide. Quant auxgéants avec cette tète si particulière, ils ont détruit et pollué les terres et les hommes en sept jours, Et au moment où se déroule le récit les hommes s’entre tuent pour posséder le dernier. Pour avoir l'arme ultime, la plus destructrice, la plus meurtrière. Ces choses sont représentées comme l'arme ultime, dont le nom fait peur; ce qui ressemble salement au nucléaire.
Tout cela est fait avec la finesse dont seul Miyazaki peut faire preuve. Le dessin est imaginatif et ludique la foret est intrigante, les masques font ressembler nos personnages à des chiots, les habits alterne entre des designs moyenâgeux et futuristes. Tout est beau. Les bleus sont percutants est profonds, les oomus sont incroyable.Est ce que j'ai eu envie de faire un câlin au bébé oomu?... oui absolument! Tout est parfait, et tellement bouleversant.Lorsque ce film est sorti en 1984, 90 salles au Japon l'ont programmé. Il a rapporté 915 millions de Yens en cinquante deux jours d'exploitation. C'est avec ce succès et donc sur la vallée des vents de Nausicaa que Isao Takahata, Hayao Miyazaki et Yasuyoshi Tokuma ont créé et érigé le studio Ghibli.