Après des années de développement, Alita Battle Angel, l’adaptation du manga culte Gunnm, débarque enfin sur les écrans. Produit par James Cameron et réalisé par Robert Rodriguez, c’est une bonne surprise, à la fois dans la claque graphique et dans l’amorce d’un univers foisonnant et d’un propos transhumaniste intéressant. Oui, ça vaut le coup d’œil.
Un passage de relais inattendu mais peut-être pas si surprenant. En effet, le texan indépendant a toujours été avide de technologies (adepte de la 3D notamment), de personnages hauts en couleur, d’univers SF un peu barrés et de femmes battantes et indépendantes. Le voilà donc à la barre de l’adaptation nommée Alita : Battle Angel.
Balade à à Iron City
Comme dans le manga, dans un futur post-apocalyptique où il ne reste plus qu’une cité flottante dans le ciel et tout le monde réfugié dans les bidonvilles plus bas, le professeur Ido trouve dans une décharge les reste du corps d’une cyborg qu’il va réparer et renommer Alita. Amnésique, elle va peu à peu retrouver des bribes de son passé et se battre pour trouver son humanité.
Dès le départ nous découvrons donc Iron City, sa décharge, son look de bidonville et ses habitants pauvres ou complètement transformés par les technologies. Rodriguez lui donne un côté latino et cosmopolite qui rend la ville vivante, réaliste et colorée mais qui possède ses zones d’ombre la nuit. La première partie du film servira évidemment à nous faire visiter les lieux et à nous présenter Alita, jeune fille en apparence innocente et mais qui se révèle être une arme mortelle. On aurait sans doute souhaité un univers un peu plus crade pour refléter l’agressivité de cette époque future. L’ensemble est alors bien lisse mais cela sera régulièrement contrasté par certains accès de violence surprenants.
Un blockbuster plus humain
Heureusement, le film s’embarque ensuite dans la quête d’Alita et se sont alors les combats et les magouilles d’habitants haut placés qui vont prendre la place. C’est parti pour un aspect blockbuster assez réjouissant où Robert Rodriguez fait preuve de sa maîtrise de l’action, toujours lisible et valorisée par l’utilisation de la 3D qui nous immerge bien dans l’univers. Graphiquement, le film est ainsi une véritable claque et la performance capture et le rendu d’Alita est assez sensationnel. Cela nous emporte directement dans le parcours de ce personnage qui doit trouver son humanité derrière le coeur artificiel qui l’anime.
Evidemment, depuis l’édition du manga, de nombreuses œuvres ont déjà repris les principes et du coup certains aspects peuvent sembler déjà vus à droite à gauche, sans oublier une love story souvent assez naïve, du coup le film n’est pas forcément le choc visionnaire que l’on aurait pu attendre. Et Robert Rodriguez a beau donner le meilleur de lui-même avec un grand respect pour le public et les fans, ils n’est pas aussi doué que Cameron ou Spielberg. Ainsi, les séquences de motorball sont efficace mais n’atteignent pas forcément la folie de la course de Ready Player One ou la violence d’un Rollerball. Mais pas grave, car ce qui importe avant tout, c’est le parcours de l’héroïne. Et de ce côté là, nous avons le droit à un personnage aussi attachant que complexe, exposant parfaitement la condition de l’humanité face à la technologie.
Toutefois, le blockbuster qui nous est offert reste tout de même suffisamment original, fidèle à son matériau d’origine et surtout assez profond pour nous emporter et nous donner envie d’y replonger pour une suite, en espérant du coup qu’il arrive à trouver sa place dans un box office noyé de super-héros. Car le boulot accompli visuellement et dans l’esprit d’Alita mérite bien d’être vu.