La grande aventure Lego avait créé la surprise, un projet purement commercial en apparence, l'adaptation de la fameuse gamme de jeu de construction, était devenue grâce à l'inventivité du duo Chris Miller et Philip Lord une célébration drôle et colorée de l'imagination doublée d'une parodie affectueuse des grands mythes de la pop-culture. Cinq ans et deux spin-off plus tard (le bon Lego Batman, le film et le très moyen LEGO Ninjago : Le Film) voilà que débarque sa suite La grande aventure Lego 2 qui bien qu'il soit mis en scène cette fois par Mike Mitchell (le très moyen Trolls) bénéficie, contrairement aux films dérivés, de la pleine l'implication créative du duo Miller-Lord (grâce à leur éviction de Solo) qui en assurent non seulement la production mais en signent également le scénario. Bien sur il est impossible de dupliquer la surprise du premier volet qui reposait à la fois sur un très faible niveau d'attente et un dispositif narratif connu désormais de tous : l'univers du film est en fait construit par un enfant, Finn. Cette deuxième partie ne tente pas de réinventer la roue ou la brique. Le film commence littéralement où s'achevait le précédent avec l "attaque " des jouets Duplo de la petite sœur de Finn transformant la paisible bourgade Bricksburg en monde apocalyptique à la Mad Max (baignée par la même lueur orangée que Fury Road). Seul Emmet Brickowski (Chris Pratt / (Arnaud Ducret en VF) n'a pas été touché par la dystopie rampante - il reste toujours très joyeux, et construit même une nouvelle maison colorée dans l'espoir d'y vivre avec sa meilleure amie Lucy (Elizabeth Banks / Tal en VF), Mais dans la grande tradition des suites comme l'Empire contre-attaque, La grande aventure Lego 2, sépare ses protagonistes durant la majeure partie de l'histoire : quand le General Mayhem kidnappe quelques résidents parmi les plus importants de la ville, dont Cool-Tag / Lucy et Batman pour les conduire sur une autre planète pour assister au mariage de la reine Watevra Wa'Nabi ( Tiffany Haddish), qui semble cacher de noirs desseins, Emmet doit s'allier à un mystérieux aventurier nommé Rex Danger pour les secourir.
Le récit reprend en grande partie la formule du premier volet basée sur des références à la pop-culture et aux licences exploitées par la marque, proposant des blagues aux auditoires de tous les âges. Afin de captiver les enfants sans perdre les adultes qui les accompagnent La grande aventure Lego 2 alterne les séquences d'action colorées, les gags burlesques (comme une banane qui ne peut s'empêcher de glisser sur elle-même) avec de nombreuses références destinées aux spectateurs plus âgés - sur la carrière de Chris Pratt, l'état des adaptations DC Comics et les diverses incarnations cinématographiques de Batman par exemple. Il est indéniable que La grande aventure Lego 2 perd beaucoup en originalité en reproduisant de nombreux éléments qui ont fait le succès du premier volet. Les numéros musicaux n'ont pas le même impact que ceux du premier film, la chanson phare Catchy Song un hymne pop militarisé à la Katy Perry, si elle est drôle n'a pas la même pureté que le Everything is awesome (même si la chanson du générique de fin Super Cool de Beck est vraiment bonne). De même, le style d'animation du studio Animal Logic ( Babe, Happy Feet) toujours fluide est devenu familier au public. Le nouveau scénario du duo Lord-Miller est en revanche très réussi, la structure du récit est plus équilibré que son prédécesseur qui tendait à ralentir dans sa dernière partie et il parvient, sans jamais abandonner le ton innocent de l'enfance, à explorer des thématiques intéressantes en étendant le commentaire " méta " du premier film à de nouveaux clichés du cinéma de fantasy.
Dans le premier film l'antagoniste Lord Business était une projection du père de Finn dont l'attachement obsessionnel au Lego s'opposait à l'approche plus libre de son fils. La nouvelle " menace " provient cette fois des visons pleines de paillettes et de couleurs de sa petite sœur, Bianca ( Brooklynn Prince de The Florida Project) âgée de cinq ans en conflit avec celles de Finn désormais adolescent, qui a une sensibilité plus " dark "et " adulte ". En rejetant la manière dont sa sœur s'approprie le jeu, Finn devient aussi dogmatique que son père. Cette thématique du rejet de nouvelles idées (féminines) perçues comme des menaces provoquant des conflits plutôt que de les assimiler n'est pas innocent. Le script se moque également de la tendance des studios pour attirer un public plus âgé, d'intégrer des aspects sombres perçus comme plus adultes et " sérieux " dans des franchises destinées aux plus jeunes. Ils se moquent gentiment au passage des fins de film cataclysmiques ouvrant sur des suites " à la Infinity War" . Rex Danger l'opposé machiste d' Emmet - également doublé en VO par Pratt , qui se présente comme un combo de tous les héros d'action qu'il a interprétés de Jurassic World aux Gardiens de la Galaxie (et sans doute aussi un clin d'œil au célèbre contrebandier spatial) est le personnage emblématique de cette satire. En conclusion si il ne bénéficie plus de l'effet du surprise du premier volet La Grande Aventure Lego 2 n'en reste pas moins une suite réussie et un bon film familial grâce à un script solide de Lord et Miller qui allie parodie de modes cinématographiques et un message positif adapté à l'époque.
Réalisé par: Mike Mitchell Casting : Arnaud Ducret, Tal, Maya Rudolph Genre: Animation, Aventure Sortie le: 20 février 2019
Distribué par: Warner Bros. France