Oui, le cinéma français peut s’aventurer avec ambition dans le film de genre, et en l’occurrence le film de sous-marin. Voilà qui fait du bien et est aussi prometteur pour son réalisateur. Le Chant du Loup est une initiative réussie qui mérite d’aller s’isoler dans les salles obscures.
Le film débute par une séquence qui nous met déjà sous tension en 20 minutes. Un sous-marin français doit récupérer un commando sur les côtes syriennes. Mais l’oreille d’or du sous-marin repère le son d’un bâtiment qu’il ne connait pas et qui pourrait tous les mettre en danger. Ce n’est que le début d’une intrigue qui va mettre à mal la sécurité nucléaire du pays.
Car cette introduction n’est que le début d’une intrigue de plus grande ampleur qui va impliquer le déclenchement possible d’une guerre nucléaire. Au travers du sous-marin, le réalisateur arrive très bien à faire monter cette tension et surtout à montrer que les enjeux dépassent largement l’équipage sans pourtant montrer une seule seconde ce qu’il peut se passer en haut lieu. Ici, tout ou presque se passe sous la soute.
Le réalisme est de rigueur et cela fonctionne très bien. Coincé dans les coursives de sous-marins, le réalisateur nous plonge dans l’ambiance claustrophobe sans pour autant nous lasser et sans prêter à confusion. Il faudra peut-être un temps de décompression au début pour comprendre des dialogues parfois techniques et militaires (et que l’on entend parfois à moitié avec certains défauts de mixages) mais ensuite l’intrigue est assez prenante et plonge tellement bien dans les arcanes de notre système de dissuasion pour en cibler les failles qu’elle en devient passionnante et avec des enjeux aussi élevés que dramatiques.
En plus de cette maîtrise, il faut aussi saluer le bon casting qui est ici rassemblé et qui fait parfaitement le job. Rassembler Mathieu Kassovitz, Omar Sy et Reda Kateb dans un même film est gage de qualité et c’est bien le cas ici. Mais ils ne sont que secondaires car tout est porté par un François Civil qui fait très bien le job même si on a parfois l’impression qu’il surjoue un peu la concentration en écoutant des bruits au casque.
Pour un premier film, et un film français c’est donc une réussite. Mais on ne peut s’empêcher de penser que cela aurait été encore mieux avec quelques années d’expérience au compteur. L’intrigue amoureuse heureusement secondaire est ici tout de même très superflue et ne sert à justifier qu’une arrivée tardive dans le sous-marin. Et certains moments arrivent un peu comme un cheveu sur la soupe (comme ce tir de roquette). Mais ce sont des défauts qui pourront être largement rectifiés sur de prochains films du réalisateur dont l’ambition et le savoir-faire sont clairement salutaires pour un cinéma français.