Après L'Amant Double sorti en 2017, François Ozon, réalisateur prolifique de près d'une vingtaine de films, revient sur une sombre histoire judiciaire entre le père Preynat et plusieurs enfants devenus adultes abusés sexuellement par ce dernier. Film percutant et d'abord envisagé comme un documentaire par le réalisateur, Grâce à Dieu donne la parole aux victimes par le biais de trois personnages brossés alternativement. L'histoire commence avec Alexandre, joué par l'excellent Melvil Poupaud, découvrant par hasard que le prêtre qui a abusé de lui aux scouts officie toujours auprès d'enfants. Alerté, il se lance alors dans un combat pour "libérer la parole" sur ce qu'il a subi enfant ; il est très vite rejoint par François (impeccable Denis Ménochet) et Emmanuel (Swann Arlaud, magnifique écorché vif).
Basé sur des faits réels et sur une affaire toujours en cours - qui est d'ailleurs la véritable originalité du film, Grâce à Dieu se révèle être un passionnant long-métrage très bien documenté - notamment avec cette première partie du film où l'acteur en voix-off revient sur différents échanges de mails - il est frappant dans son exposition des faits sans prendre à parti l’institution cléricale même si on ressent le contraire une fois la projection finie. Le film est doté d'une mise en scène implacable, sobre, efficace... Les flash-back mettent en lumière les faits mais tout est suggéré même si certains spectateurs et surtout les victimes imaginent la scène comme le relate François Ozon dans un entretien pour le magazine Positif.
Grâce à Dieu se révèle alors être un des meilleurs films du réalisateur et peut-être un des meilleurs films de l'année 2019 (oui déjà !). Fort d'un Grand Prix au Festival de Berlin, le film s'avère puissant par son sujet sensible et surtout d'actualité mais également par le jeu des acteurs qui livrent tour à tout une excellente partition.
En une phrase : un film déjà césarisable, du meilleur film de surcroît !