I feel good

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à Ad Vitam ainsi qu’à Cinetrafic pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « I feel good » de Benoit Delépine et Gustave Kervern.

« Association à but non lucratif ? Quelle horreur ! »

Monique dirige une communauté Emmaüs près de Pau. Après plusieurs années d’absence, elle voit débarquer son frère, Jacques, un bon à rien qui n’a qu’une obsession : trouver l’idée qui le rendra riche. Plus que des retrouvailles familiales, ce sont deux visions du monde qui s’affrontent.

« Si tu n’as pas un peignoir et des mules à cinquante ans, tu as raté ta vie »

Si la société était ouvertement divisée en catégories, nul doute que Gustave Kervern et Benoit Delépine choisiraient le camp des plus faibles. C'est qu'en près de quinze ans, les deux trublions grolandais ont su tissé une filmographie atypique, dans laquelle ils usent de leur humour absurde et vachard pour dénoncer les injustices et les dérives du libéralisme et prendre la défense des petites gens exploitées et opprimées par (et pour) le Grand Capital. Un cinéma gentiment libertaire et le plus souvent fauché, parfois même limite expérimental dans sa forme, au sein duquel ils ont su accueillir quelques poids lourds du cinéma hexagonal, de Gérard Depardieu (« Mammouth ») à Benoit Poelvoorde (« Saint-Amour ») en passant par Albert Dupontel (« Le grand soir »). Trois ans après « Saint-Amour », leur improbable road-movie mêlant route des vins et carte du tendre, leur nouveau projet, « I feel good », est avant tout l'occasion d'une nouvelle collaboration insolite et de prestige avec l'oscarisé (rien de moins) Jean Dujardin.

« On fait tous des erreurs : même moi j’ai cru à Bernard Tapie un jour ! »

« I feel good ». Plus qu'une chanson de James Brown, la formule résonne comme un mantra. Être bien dans sa peau comme condition indispensable à toute réussite sociale. Comme si au fond, comble ultime de notre société futile et décadente, il fallait avant tout être beau pour (se) plaire et donner envie aux autres. Avec leur nouvelle comédie, Kervern et Delépine imagine un looser se prenant pour le nouveau Bill Gates. Un tartuffe des temps modernes en quête de l'idée qui fera de lui un grand de la finance. Et donc de ce monde. Tout l'humour du film reposant sur le décalage entre les ambitions du héros et sa condition de grande précarité au sein d'une communauté Emmaüs. En jouant des excès et de l'attitude manipulatrice du personnage envers ses camarades d'infortune, le film offre une satire fort réjouissante du capitalisme sauvage et sans pitié, de l'exploitation des masses et des plus faibles par et pour l'argent. Un concept fort bien résumé par le personnage de Jacques :  la réussite ce n'est pas de travailler soi-même mais de faire travailler les autres. Dommage dès lors que les deux réalisateurs ne cadrent pas plus leur scénario, laissant celui-ci partir dans tous les sens jusque dans une folle épopée balkanique où le film s’essouffle un peu. Un film foutraque donc, pas toujours maitrisé, mais qui offre l'un des final les plus réjouissants de ces derniers mois. Dujardin y montre une nouvelle fois l'étendue de son talent dans un univers où on ne l'attendait pas. Aussi drôle que nécessaire, mais pas totalement abouti.

Le blu-ray : Le film est présenté en version originale française (5.1 et 2.0) ainsi qu’en audiodescription. Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné du documentaire « Parlons utopie » (1h15) réalisé par Dominique Gautier, ainsi que par des teasers et une bande-annonce.

Edité par Ad Vitam, « I feel good » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 5 février 2019.

Le site Internet de Ad Vitam est ici. Sa page Facebook est ici.

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