L'appel de la forêt

Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « L’appel de la forêt » de William A. Wellman.

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« Ici, quand on disparait deux jours, c’est pour de bon ! »

À l’heure de la Ruée vers l’Or dans le Yukon, une région particulièrement inhospitalière d’Amérique. Pour avoir perdu tous ses gains au jeu, l’aventurier Jack Thornton se résigne, plutôt que de revenir à San Francisco, à reprendre l’exploitation d’une mine abandonnée. Pour s’y rendre, il forme un attelage de chiens que domine Buck, un Saint-Bernard indomptable qu’il sauve, adopte et dresse. Dans les étendues sauvages balayées par des terribles tempêtes de neige, Thornton et son compagnon croisent le chemin de Claire Blake, une jeune femme dont le mari a disparu…

« Prends à autrui ce dont tu as besoin. C’est la loi de la possession. C’est la loi du Klondike »

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Surnommé Wild Bill, William Wellman fut en son temps une sorte d'aventurier: engagé volontaire durant la Première guerre mondiale, il sera ainsi l'un des pionniers de l'aviation au sein de la prestigieuse Escadrille Lafayette avant de devenir, dès le début des années 20, l'un des pionniers de la toute jeune et balbutiante industrie cinématographique hollywoodienne. Forcément, son œuvre sera fortement marquée par son histoire personnelle et notamment par sa passion pour l'aviation, à laquelle il consacra de nombreux films (« Les ailes », « Les pilotes de la mort », « Écrit dans le ciel », « Pilotes de chasse », « Aventure dans le grand nord », « C'est la guerre »...). Et même s'il connaitra ses plus grands succès dans les registres du mélodrame (« Une étoile est née ») et de la comédie (« La joyeuse suicidée »), son œuvre restera globalement tournée vers le registre de l'aventure, qu'il déclinera en différents genres, allant du film de guerre (« Les forçats de la gloire », « Bastogne ») au western (« Convoi de femmes », « La ville abandonnée », « Track of the cat ») en passant par le film d'aventures exotiques (« Beau Geste », « L'allée sanglante »). A l'évidence, la route du cinéaste se devait dès lors de croiser celle de Jack London, le grand maitre du roman d'aventures américain. Ce qui fut fait en 1935 avec l'adaptation sur grand écran de son roman « L'appel de la forêt ».

« Je t’aime, tu le sais, mais il a besoin de moi. Tu as ta loi, et moi j’ai la mienne »

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A cette occasion, Wellman nous entraine dans le grand nord canadien de la fin du 19ème siècle. Et plus spécifiquement dans le Klondike, région reculée et inhospitalière, qui connut alors une folle ruée vers l'or. Mais là où le roman se focalisait sur le personnage de Buck, le chien domestique effectuant son retour à l'état sauvage, le film de Wellman se concentre lui sur le personnage de l'un de ses maitres, en l'occurrence le prospecteur John Thornton. Ainsi, si la relation entre le maitre et son chien, et l'affirmation de ce dernier comme chef de la meute est très présente dans la première partie du film, celle-ci laisse progressivement place à la relation entre le prospecteur et une belle veuve aventurière rencontrée en chemin. Si le scénario dénature un peu le récit originel de London, il donne néanmoins lieu à un grand récit d'aventure épique, bourré de péripéties (le chien qui réussit le pari de tirer seul un énorme traineau), dans lequel l'homme devra parvenir à dompter une nature particulièrement hostile pour triompher (le naufrage dans les rapides). Il y a aussi un certain symbolisme dans le retour du chien à l'état sauvage qui renvoie aussi au comportement de l'homme qui laisse parler sa vraie nature de prédateur à mesure qu'il s'éloigne de la civilisation. En creux, Wellman filme également une très belle histoire d'amour impossible en se jouant merveilleusement bien du code de censure Hays. La scène d'adieu entre Gable et la belle Loretta Young (qui eurent parait-il une liaison durant le tournage) est à ce titre une des plus vibrantes du genre, même si elle affaiblit quelque peu la conclusion du film. S'il n'atteint peut-être pas la virtuosité de son formidable « Beau Geste », « L'appel de la forêt » n'en demeure pas moins un très bon film d'aventures.

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Aucun bonus n’accompagne le film. Toutefois, un livret de 16 pages, « Un hiver 1935 » écrit par Marc Toullec complète cette édition.

Edité par BQHL Editions, « L’appel de la forêt » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 29 janvier 2019.

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