Synopsis : Alors que les habitants de Bricksburg coulent des jours heureux depuis cinq ans, une nouvelle et terrible menace se profile à l'horizon : des envahisseurs Lego Duplo® venus des confins de l'espace qui détruisent tout sur leur passage !
Pour vaincre ces redoutables ennemis et rétablir la paix dans l'univers Lego, Emmet, Lucy, Batman et leurs amis devront explorer des mondes lointains et inconnus. Ils découvriront même à cette occasion une étrange galaxie où chaque situation est une comédie musicale ! Cette nouvelle aventure mettra à l'épreuve leur courage, leur créativité et leurs facultés de Maîtres Constructeurs...
C'était une soirée comme les autres sur l'avenue de la Grande-Armée. Les feux rouges rougeoyaient, les livreurs livraient et les taxis taxaient. Moulte problèmes occupaient mon esprit, sans compter mes nouvelles chaussures en cuir qui me rabotaient le talon depuis dix heures ce matin ; autant dire que je ne me sentais pas tout à fait en phase pour m'autoriser un moment d'évasion. Qui plus est devant un film d'animation. Qui plus est un film... LEGO ?? Sérieusement les gars ?
Là, c'est le moment où les allégations se bousculent aux convictions, le tout saupoudré de certitudes que seul le cerveau d'un français moyen est capable de créer : "Encore un film de gamin pas drôle", "c'est pour vendre des jouets donc forcément malsain", "encore trop compliqué pour les gosses et trop peu pertinent pour les adultes". Les préjugés continuaient d'aller bon train dans l'ascenseur tout neuf à l'odeur de noix de coco de chez Warner Bros. J'effleurais du bout des doigts le couteau usé dans ma poche en imaginant le short sur mesure que j'allais tailler à La Grande Aventure Lego 2.
Et pourtant. Mon derrière effleurant à peine le velours noir du siège et ma veste en cuir au bruit de plastique industriel encore sur les épaules, la magie opérait déjà. "Mais bon Dieu ça parait si simple. Si évident. Alors que ce ne sont que des putains de briques jaunes !" postillonais-je sur la toile tendue au format 335×740 cm. Je devais me rendre à l'évidence ; le spectre émotionnel qui émanait de ces bouts de plastique était réel, large et palpable. Je ne pouvais résister à l'énergie et l'attraction phénoménal que le film avait sur moi. Le couple de sexagénaires aux rires baroques et gênants à ma gauche peuvent en témoigner ; les gens s'amusaient et rigolaient sincèrement dans cette petite salle au public journalistique et critique dont il est si difficile d'arracher un sourire d'ordinaire.
Le premier opus ( La Grande Aventure Lego), sorti en 2014 était réalisé par Phil Lord et Chris Miller, duo de scénaristes/réalisateurs/producteurs/acteurs (et d'autres mots en "eur") qui nous ont offert 21 et 22 Jump Street ainsi que le film d'animation Tempête de boulettes géantes, sorti en 2009, qui fut la toute première réalisation du duo. Ce premier OVNI avait déjà réussit à surprendre tout le monde là où on ne l'attendait pas, en étant, je cite : " Une réussite totale qui s'inscrit à la fois aux panthéons de la publicité et du film d'animation." (Filmsactu) mais aussi "Un film enlevé, déjanté, capable d'exalter petits et grands spectateurs... " (Le Parisien). De ce succès, s'en est suivie en 2017 un nouveau film de la franchise centré sur le personnage de Batman, intitulé sobrement Lego Batman (très réussi également) ; ainsi qu'un autre (encore ?), Lego Ninjago que je vous conseille... D'oublier. Promptement. Genre... Maintenant. Si vraiment, oubliez-le, car clairement en dessous des trois autres. Pour La Grande Aventure Lego 2 nous retrouvons les deux compères Phil Lord et Chris Miller, mais seulement à l'écriture cette fois-ci ! Et un certain Mike Mitchell à la réalisation ( Les Trolls, Kung-Fu Panda 3 et Bob l'éponge le film).
Pour ma part, n'ayant pas vu le premier opus lors du visionnage du second, la surprise a été totale. La question que l'on est en droit de se poser est : "Quelle est la force d'un Lego movie ?" Et bien d'abord une énergie dévastatrice et communicative, le rythme du film est unique au monde. Certes cela peut paraître logique à partir du moment où l'on sait que chaque film possède un rythme qui lui est propre ; mais là, il est nécessaire de souligner quelque chose de brusque, unique et d'irrésistible, une grosse claque d'énergie positive avec des vannes qui ne tombent que rarement dans la facilité. Phil Lord, Chris Miller et Mike Mitchell profitent de toutes les possibilités qu'offre le film d'animation : excentricités de montage, dialogues malins, courses-poursuites survitaminées et des références à la culture populaire utilisées avec brio. Beaucoup d'ingrédients, savamment utilisés sans provoquer l'indigestion. Niveau comédie, le film fait un véritable carton plein.
Côté scénario, on nous offre une double lecture. Nous suivons dans un premier temps l'affrontement entre les Lego® et les Duplo® (oui, un long-métrage, deux publicités, bravo Lego/l'égo ?), puis un peu plus tard le film nous permet d'explorer un autre scénario que l'on connaît bien, à savoir les conflits frère/sœur et le problème de la différence d'âge lorsque deux enfants jouent ensemble dans le vrai monde cruel de la vérité vraie. Par ailleurs, le film construit un discours plutôt bien pensé en s'intéressant aux rapports qu'entretiennent les enfants avec leurs jouets. Non le sujet n'a absolument pas déjà été traité dans Toy Story, là nous parlons de Lego d'accord ??
Pour conclure, on peut dire que La Grande Aventure Lego 2 nous offre, comme pour le précédent opus ainsi que Lego Batman (oui, car entre le premier jet et la touche finale de cet article, j'ai pris le temps de regarder les autres produits de la franchise du coup), un film au ton unique et imprévisible avec un scénario riche et une énergie peu commune dans le domaine de l'animation, mais surtout peu commune dans le domaine du cinéma tout court. Les personnages sont travaillés et les réalisateurs nous prouvent leur parfaite maîtrise de l'outil "divertissement". Je vous laisse, direction le rayon Lego de la Fnac pour m'acheter le vaisseau spatial Systar.