Le dernier tome de Descender vient de sortir. Et il se montre complètement à la hauteur des enjeux posés par le récit de Jeff Lemire et Dustin Nguyen. C’est donc l’occasion de revenir sur l’intégralité de cette grande série de SF.
On avait déjà parlé à plusieurs reprises de Descender. Mais la série est maintenant terminée et donc on peut en parler avec un peu plus de recul. Alors autant le dire clairement et directement, Jeff Lemire et Dustin Nguyen nous ont offert une œuvre de SF grandiose.
Dès le début, l’ambition était posée. Des robot géants, les moissonneurs ont créé de lourds dégâts dans la galaxie. 10 ans plus tard, un Tim 21, robot de compagnie pour les enfants se réveille sur sa colonie minière. Et il pourrait bien être la clé de la survie des humains comme des machines.
Le scénariste mêle ainsi d’emblée le grand spectacle et une forte dimension intimiste, en créant un univers parfaitement cohérent et qui va s’approfondir au fil des révélations, avec des personnages qui vont devenir de plus en plus complexes et aux évolutions passionnantes. Même si on sent une forte influence de Battlestar Galactica, AI, Asimov ou encore 2001 l’Odyssée de l’espace, ces noms ne sont jamais un handicap pour Descender qui créé son propre univers et sa propre réflexion.
Un récit de SF grandiose
Ainsi le récit est mené tambour battant car il s’agit pour les machines rebelles, l’armée du gouvernement galactique (cgu), ou les troupes de mercenaires chassant les robots de capturer Tim 21 au plus vite alors que lui-même va chercher l’ancien enfant dont il était le compagnon. Son escorte va alors changer au fil de l’aventure avec des personnages forts en caractère, de Telsa qui veut faire ses preuves auprès de son père, ou Foreur, un robot minier destructeur.
Avec cette histoire étendue et des flashback sur le passé de certains personnages mais aussi sur le passé de cet univers, la série prend aussi en ampleur et en réflexion. Ainsi, la condition d’esclavage des robots, le transhumanisme, la conscience des machine, les raisons de faire une guerre, l’entente entre les peuple et même les croyances en certains dieux, sont des thématiques actuelles et universelle de grande SF qui apportent une profondeur incroyable au récit, à la hauteur de ces enjeux épiques et de ses rebondissements et trahisons bien amenés.
Des robots qui ressentent
Descender c’est aussi un récit intimiste où les personnages sont véritablement intéressants et fouillés. Derrière la froideur possible d’un monde de machine se cache aussi une émotion pure, principalement guidée par l’innocence de Tim-21 et sa recherche d’Andy. Ainsi tout est réuni pour avoir une œuvre de SF complète et passionnante que Jeff Lemire maitrise de bout en bout.
Il ne faudrait toutefois pas oublié l’importance du dessin et de l’encrage à l’aquarelle de Dustin Nguyen. Le dessinateur apporte ici son style unique pour donner à Descender une véritable identité. Ses dessins et textures donnent ainsi au récit le look d’une histoire racontée, intemporelle et universelle, qui offre au autant de visions mythologiques à grande échelle (les apparitions des moissonneurs), qu’il peut émouvoir dans les instants plus resserrés et intime ou de tension.
Ainsi Descender est sans doute l’une des œuvres majeures de SF de ces dernières années qui offre une réflexion dense et une émotion qui lui est propre. Une lecture indispensable en 32 chapitres* dont la conclusion est largement à la hauteur. Et on a hâte de voir comment se présentera du coup la suite de la saga avec Ascender.
*6 tomes disponibles chez Urban Comics