C'est bien connu les films de Xavier Dolan sont attendus comme le messie par la presse et les fans... Et ceci depuis son tout premier film J'ai tué ma mère présenté à l'époque à la 41ème Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2009. Xavier Dolan a tout juste 20 ans et il est déjà qualifié de "jeune prodige du cinéma québécois". Pour son huitième film, le metteur en scène tourne pour la première fois en langue anglaise et s'entoure d'un casting presque 100% américain. On compte pas moins de quatre stars comme Kit Harington (membre de la série Game of Thrones), Natalie Portman, Susan Sarandon et Kathy Bates.
Et si on parlait de l'histoire maintenant ? Dix ans après la mort d’une vedette de la télévision américaine, un jeune acteur se remémore la correspondance jadis entretenue avec cet homme, de même que l’impact que ces lettres ont eu sur leurs vies respectives. Et ce jeune acteur, c'est l'alter ego de Xavier Dolan, bien sûr ! Haut comme trois pommes, le réalisateur vouait un culte à l'acteur Léonardo DiCaprio vu dans Titanic, le film fétiche de Dolan. Comme l'enfant de Ma Vie avec John F. Donovan, il prit ses stylos et lui écrit une lettre. Sauf que DiCaprio ne lui a jamais répondu contrairement à Donovan dans le film. Le plus cocasse étant que ce même Xavier Dolan devint acteur plus tard comme le petit garçon du film.
Vous l'aurez compris, le film part donc d'un postulat très autobiographique. C'est d'ailleurs peut-être le film le plus personnel de Xavier Dolan mais c'est stylistiquement que ça pêche. On connaissait Dolan amateur de chansons pop telles Céline Dion qu'il s'amusait à distiller dans le récit et à des moments presque suspendus. Ici la musique vient alourdir le propos pour faire une redite... on pense notamment à cette scène où le petit garçon vient retrouver sa maman avec qu'il s'était fâché auparavant ; le tout avec la musique de Stand by me de King (traduit mots à mots par Reste contre moi). Dommage car la scène en soi reste très belle avec les ralentis qu'affectionnent tant Xavier Dolan.
Sinon, on aime toujours voir le rapport mère-fils qui est la marque de fabrique du réalisateur avec ici deux mères ; avec d'un côté la mère conflictuelle : magnifique Natalie Portman et la mère adorée (Susan Sarandon, éclatante). Le rapport amour-haine entre une mère et son fils est donc un leitmotiv du cinéma de Dolan et on s'en accommode très bien.
Seulement, et ceci depuis Jusqu'à la fin du monde (son dernier film en date), le metteur en scène se perd dans des élans d'écriture romanesque laissant de côté sa verve exacerbée de l'époque de Mommy ou Laurence Anyways. Ici point de pétage de plombs : tout est lisse, édulcorée. Les ralentis, pourtant ce que fait le mieux Xavier Dolan, sont parfois trop appuyés, lancinants comme dans une mauvaise série télévisée.
Finalement, Ma vie avec John F.Donovan est un film qui fait la part belle à son jeune acteur, l'alter ego de Dolan tant celui-ci joue magnifiquement bien. Un jeune espoir du cinéma hollywoodien ? Peut-être bien. En tout cas, on crie au miracle pour le prochain film de Xavier Dolan car ce dernier est en québécois et qui dit québécois dit acteurs comme Anne Dorval et le réalisateur himself ! Alors, à bientôt !