SYNOPSIS: Une compétition de surf à Brizan, dans les Landes. D'un coup, une vague venant d'un arcus stagnant surgit, et les surfeurs disparaissent. De longues heures plus tard, ils refont surface comme par magie. Symptôme du dérèglement climatique ou révolte de la nature, cet événement tragique va bouleverser la vie des habitants de cette paisible station balnéaire.
Les dernières incursions de France 2 vers la fiction de genre nous avaient laissées des impressions diamétralement opposées. Autant Le Chalet ne nous avait absolument pas convaincu quand bien même nous saluions la tentative radicale de proposer un slasher en prime time, autant la saison 2 de Zone Blanche nous avait renversé par son atmosphère et ses choix artistiques de premier ordre. La dernière vague portait en elle un flot d'espoirs important à travers une distribution alléchante, un réalisateur talentueux et un pitch résolument ambitieux qui pouvait s'effondrer en quelques secondes si la manière ne suivait pas. Les Revenants sur Canal + nous avait montré que le fantastique pouvait être abordé de manière frontale sans sacrifier aux spécificités françaises et que fiction de genre ne voulait pas forcément dire série d'auteur réservée aux initiés.
Avec La Dernière Vague, on retrouve un peu le même type d'ambitions, à savoir aborder le genre sans le regarder de haut et sans le prendre pour un véhicule facilitateur d'audience. Pour réussir ce type de fiction, il faut avant tout des gens qui connaissent les séries, qui en ont été abreuvées et qui savent en restituer la substantifique moelle tout en étant force de proposition atypique. A l'écriture de cette mini-série de six épisodes, Raphaëlle Roudaut ( Harcelée, Virage Nord...) Alexis Le Sec ( Caïn, Kim Kong...) et Sophie Hiet ( Victor Hugo Ennemi d'Etat...) qui ont tous les trois officié sur des fictions diverses et variées mais qui avaient le mérite de toujours offrir un regard singulier et une écriture rigoureuse. On retrouve toutes ces qualités avec La Dernière Vague agrégées à un sujet casse-gueule qu'ils ont le mérite d'embrasser sans demi-mesure mais avec suffisamment de subtilité pour ne pas faire passer leur ambition pour un prétexte. Le premier épisode notamment, bénéficie d'une caractérisation des personnages extrêmement réussie et le positionnement des enjeux dramatiques est fait de manière très habile. Contrairement à ce que son sujet pourrait augurer, La Dernière Vague est aussi une série centrée sur les personnages et le choix de l'excellent Rodolphe Tissot ( Ainsi Soient t-ils) pour mettre en images toutes les problématiques que le scénario pose, est emblématique du soin apporté à l'ensemble. Car outre le fantastique qui permet une allégorie sur l'écologie (dont on attend un développement plus important dans les épisodes suivants), La Dernière Vague capitalise également sur une magnifique photographie, une belle et entêtante musique signée Jean-Pierre Taïeb et plus globalement sur une direction artistique et une proposition esthétique des plus exquises. La distribution est par ailleurs à l'avenant avec des comédiens familiers mais qui ne sont pas non plus omniprésents dans l'actualité sérielle et donc forcément rattachés à des personnages précis dans l'inconscient collectif. Le toujours juste David Kammenos ( Falco, On va s'aimer, un peu beaucoup...), la formidable Marie Dompnier ( Les Témoins), les impeccables Lola Dewaere et Arnaud Binard ou encore la fraicheur des jeunes Capucine Valmary, Roberto Calvet ou Théo Christine, tous concourent à la justesse des situations et à l'empathie que l'on ressent pour les personnages.
Si La Dernière Vague réussit pleinement son exposition, si ses deux premiers segments nous attrapent par le col et nous plonge dans cette intrigue captivante dont on veut absolument connaitre les tenants et les aboutissants, c'est autant parce que la série joue avec nos connaissances sérielles par le biais de clins d'œil (assumés ou non) à Lost, The Leftovers ou Les 4400 entre autres, mais sans les appuyer, sans nous prendre pour des ignorants qui auraient vécus dans une caverne depuis 20 ans et surtout en conservant ses spécificités hexagonales qui lui offrent toute sa personnalité et son intérêt. Ses différents niveaux de lecture (la fiction de genre comme pur divertissement, un sujet en prise directe avec l'actualité...) sa manière de ne pas surligner son propos et d'offrir des effets visuels qui ne soient ni cheap, ni ne prêtent le flanc à la moquerie, sa redoutable efficacité pour réussir le mouvement de balancier entre un rythme prenant et une intrigue envoûtante et mystérieuse que l'on veut poursuivre, font de La Dernière Vague une vraie et belle réussite dont on attendra malgré tout l'issue avant de s'avancer à dire qu'il s'agit d'une déferlante.
Crédits: France 2 / Kwaï, TV Presse Productions
avec la participation de France Télévisions
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