Nouvel essai d’adaptation d’un classique Disney pour Tim Burton. Si Dumbo possède évidemment tous les thèmes chers au cinéaste, il va encore plus loin pour signer son film le plus réussi depuis 10 ans et nous redonner peut-être un peu foi en sa capacité à nous faire rêver.
Depuis près de 10 ans et son insupportable sur Alice au Pays des Merveilles, on avait vraiment perdu tout espoir en Tim Burton et ce n’est pas le transparent Miss Peregrine qui allait nous contredire. Le voir revenir dans la machine Disney n’était donc pas forcément de bonne augure, d’autant plus pour une énième remake live de l’un de ses classiques de l’animation.
Toutefois, on sent que le réalisateur a eu cette fois un peu plus de liberté pour s’approprier la personnalité de Dumbo. Car si l’histoire suit en grande partie celle du film sorti il y a près de 80 ans, il ne va pas hésiter extrapoler avec une histoire de famille amputée et une seconde partie assez à charge contre le système de Mickey justement.
Pourtant le film commence assez mal avec une esthétique sentant inutilement le fond vert et les décors et ciels numériques. Mais passées les 15 premières minutes, le style se rapproche des personnages et de l’éléphanteau et on commence à se prendre au jeu. On est alors attendri par ce petit animal qui devient la risée du cirque mais en lequel l’innocence des enfants donne du courage.
Alors bien entendu, le cirque et ses (rares) freaks, le personnage de l’exclu et de la différence sont bien là et on sait pourquoi Burton s’est dit qu’il allait mettre ça en image. Et cela fonctionne bien pendant la première heure. Et au milieu du film, le récit se détourne ensuite complètement de cet aspect pour aborder un sujet plus engagé.
Un Dumbo engagé !
Car sous le couvert du film familial gentillet et attendu, mis en scène sans étincelles mais sans grosse faute de goût non plus (hormis ces 15 premières minutes), Burton s’aventure ensuite sur le terrain du capitalisme du milieu du spectacle et de l’exploitation des animaux. Il va même oser aller jusqu’à incendier l’image des parcs à thèmes qui font la richesse de Disney et on s’étonne que la firme ait pu laisser passer cela (hormis pour se donner une image de recul sur son propre métier).
Cela donne alors à Dumbo une dimension intéressante, qui pousse la réflexion plus loin qu’une transposition live classique comme l’ont été Cendrillon et la Belle et la Bête. Evidemment, la magie et le côté gothique sont abandonnés depuis longtemps chez Burton (il ne fait d’ailleurs pas grand chose de la réunion de Michael Keaton et Danny DeVito), mais il montre qu’il peut enfin nous livrer à nouveau un divertissement avec ce qu’il faut de merveilleux et d’émotion pour convaincre et ce n’était pas arrivé depuis bien longtemps.