[CRITIQUE] : Dirty God

[CRITIQUE] : Dirty God

Réalisateur : Sacha Polak

Acteurs : Vicky Knight, Katherine Kelly, Eliza Brady-Girard,...
Distributeur : The Jokers
Budget : -
Genre : Drame.
Nationalité : Néerlandais, Britannique, Belge, Irlandais.
Durée : 1h44min.

Synopsis :

Le visage à moitié brûlé et une petite fille de deux ans. C'est tout ce qu'il reste de la relation de Jade à son ex, qui l'a défigurée à l'acide. À la violence de cette histoire, succède désormais celle du regard des autres. Pour ne pas couler, Jade n'a d'autre choix que de s'accepter, réapprendre à sourire et à aimer.


Critique :

Malgré le traitement pataud de son cadre social et quelques facilités d’écriture, #DirtyGod propose une histoire autour de la thématique de l’existence par la visibilité et le regard ainsi qu'une représentation très juste d’une jeunesse brisée (@MnFrankenstein) pic.twitter.com/t4OV6Q1OBm— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 25, 2019

Pour son troisième film, Sacha Polack a choisi, en premier rôle, une relative inconnue. Certains cousins d’outre-manche l’ont peut-être déjà vu dans une émission télévisée (une très mauvaise expérience selon elle), Vicky Knight, grande brûlée depuis son enfance, interprète Jade, jeune femme victime d’une attaque à l’acide de la part de son ex-compagnon. Il y a un travail considérable sur le maquillage, le visage de Vicky n’étant pas vraiment atteint au contraire de celui de Jade, pourtant le regard de la jeune femme semble constamment absorber les cicatrices qui l’entourent. La principale force du film réside en son interprète, d’une prestance rare pour celle qui en est qu’à sa première expérience d’actrice.


[CRITIQUE] : Dirty God

Sa capacité à irradier l’écran et s’approprier un personnage plutôt touchant masque presque les limites qui rattrapent son entourage. Le portrait mi-doux mi-amer de la banlieue londonienne dans laquelle les jeunes s’oublient en boîte sous la drogue malgré leur parentalité, pendant que leurs aînés vivent de vols, devient vite balourd. Le naturalisme voulu par la réalisatrice se confond avec un décervelage des protagonistes et un misérabilisme agaçant. Les personnages, surtout secondaires, ont la tête un peu trop vide, bien que la verve de leur jeunesse soit contagieuse. Les corps en perpétuelle séduction de l’autre, les jeux amoureux dans les clubs forment un spectacle aussi rafraîchissant que triste puisque Jade n’en est que la spectatrice, enfermée dans une peau qu’elle déteste à présent. Polack veille à maintenir son héroïne souvent entourée toujours à l’écart, approchant avec bienveillance son regard voilé, tout en faisant entendre la voix lunaire de son actrice.


[CRITIQUE] : Dirty God

Le désir de Jade est condamné par des pensées désagréable, des souvenirs d’une relation passée, auxquelles se mêlent la crainte et la colère la plus vive. Dirty God n’est pas un film de femme par hasard, il se porte en étendard d’une libido féminine, frustrée par des regards masculins souvent malveillants. L’existence féminine par la beauté et le désir des autres est peut-être la thématique la plus intéressante du film, si les brûlures de Jade n’enlèvent rien au charisme de Vicky Knight, elles se placent comme barrière entre un monde obsédé par le physique des jeunes femmes et elle.

On retrouve le traitement de ces questions dans quelques envolées oniriques, alors que les moments de gaieté retrouvés s’illustrent à travers des esthétiques « pop », volontairement clipesques. Les premières sont amenées de façon un peu trop abruptes, les secondes ne sont pas exemptes des poncifs à la mode, mais ces images sont tout à fait pertinentes puisqu’elles incarnent la jeunesse moderne, insouciante, qui se plaît encore à rêver, ce dont Jade a été soudainement privée.
[CRITIQUE] : Dirty God

Malgré le traitement pataud de son cadre social et quelques facilités d’écriture, Dirty God propose une histoire autour de la thématique de l’existence par la visibilité et le regard. Représentation très juste d’une jeunesse brisée, le film révèle aussi et surtout une jeune actrice prometteuse en la personne de Vicky Kight, qu’on a déjà hâte de retrouver.


Manon Franken


[CRITIQUE] : Dirty God