Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les dragueurs » de Jean-Pierre Mocky.
« Il y a pour chaque homme une femme qui lui est destinée »
Paris. Le quotidien de Freddy et Joseph, deux jeunes hommes qui draguent dans les rues de la capitale. L'un est timide, l'autre est sûr de lui.
En ce samedi soir, alors qu’ils ne se connaissent pas, il se retrouvent à partir ensemble pour une folle nuit qui sera parsemée de rencontres féminines. Mais qui parviendra à repartir au bras d'une jeune femme ?
« Je ne veux pas être seul »
Poussé devant les caméras depuis l'enfance (il n'a qu'une petite dizaine d'années lorsqu'il apparait dans « Les visiteurs du soir » de Marcel Carné), Jean-Pierre Mocky enchaine les apparitions au long des années 40 jusqu'à devenir un jeune premier prometteur au début des années 50, grâce notamment à ses apparitions chez Antonioni (« Les vaincus ») ou Vernay (« Le comte de Monte-Cristo »). Mais alors que sa carrière d'acteur semble connaitre un coup d'accélérateur, il préfère la mettre entre parenthèses pour se former au métier de réalisateur. Après avoir été assistant pour Visconti, Fellini ou Mankiewicz, il se lance dans un premier projet de réalisation, à savoir l'adaptation du roman « La tête contre les murs » d'Hervé Bazin. Il collabore alors avec François Truffaut pour l'écriture du scénario, mais n'étant pas assez célèbre, les producteurs finissent par lui préférer l'expérimenté Georges Franju pour diriger le film, repoussant de quelques mois ses désirs de réalisation. Mocky débute donc sa carrière de réalisateur l'année suivante, en 1959, avec « Les dragueurs », chronique de jeunesse librement inspirée de ses propres exploits de Don Juan.
« Vous promettez de ne pas nous laisser mais dès qu’une femme vous aime vous ne pensez qu’à partir »
Nous suivrons ainsi, le temps d'une nuit, les tribulations de deux jeunes hommes en quête d'aventure(s). D'Orly à Montmartre en passant par les Champs-Élysées, leur virée insouciante sera ponctuée de rencontres féminines imprévues et impromptues, leur ouvrant le champs de tous les possibles. A l'évidence, il plane sur le film une vraie liberté (de ton, mais aussi de mise en scène) et une volonté de naturalisme très fortement marquées par l'esprit (et l'influence) de la Nouvelle-Vague. Alors, bien sûr, le scénario atteint assez vite ses propres limites (Paris finit assez vite par ressembler à un enfer peuplé de satyres libidineux et arrogants, harcelant toutes les jeunes femmes qui passent, impensable à l'heure du #MeToo). Mais il se dégage un certain charme et surtout une belle énergie dans cette succession de saynètes et de rencontres, où les héros devront faire preuve d'inventivité pour aborder ces dames, donnant lieu à quelques scènes assez cocasses. Surtout, derrière le cynisme de façade, le film laisse poindre quelques jolis moments de tendresse et d'émotion, comme le trouble suscité par la rencontre du héros avec une jeune femme qui cache un handicap. En haut de l'affiche, Aznavour est parfait d'humilité et de maladresse aux côtés d'un Charrier un peu trop froid. Si le film est l'occasion de passer en revue les jeunes premières du cinéma de cette fin des 50's (Anouk Aimée, Dany Robin, Dany Carrel, Estella Blain...), il constitue également un touchant témoignage sur la jeunesse de cette époque.
***
Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0). Aucun sous-titrage n’est disponible.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Jean-Pierre Mocky, qui revient sur la genèse et le tournage du film.
Edité par ESC Editions, « Les dragueurs » est disponible en DVD depuis le 5 mars 2019.
Le site Internet de ESC Editions est ici. Sa page Facebook est ici.