Réalisateur : John Lee Hancock
Acteurs : Kevin Costner, Woody Harrelson, Kathy Bates,...Distributeur : Netflix France
Budget : -
Genre : Drame, Policier.
Nationalité : Américain.
Durée : 2h11min
Synopsis :
La traque de Bonnie Parker et Clyde Barrow par les deux enquêteurs légendaires Frank Hamer et Maney Gault. Devant l'impuissance des techniques d'enquête de l'époque et du FBI, les deux Texas Rangers sortent de leur retraite et s'en remettent à leur instinct et leurs méthodes traditionnelles pour arrêter les criminels les plus recherchés d'Amérique. Si les hors-la-loi ont fait les gros titres, les hommes de loi sont entrés dans l'Histoire.
Critique :
Autant judicieusement focalisé sur son brillant duo vedette qu'il est douloureusement en charentaise dans son rythme et son écriture là où il aurait pu/dû être haletant,#TheHighwaymen est aussi bien un polar amorphe & dénué de souffle épique qu'une oeuvre lancinante hors du temps pic.twitter.com/JuP77N9Qj5— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) March 29, 2019
Passé deux biopics franchement sympathiques mais très conventionnels, L'Ombre de Mary et Le Fondateur, John Lee Hancock semblait étonnement musclé son jeu en s'attachant à l'épopée meurtrière du couple férocement populaire mais dangereux Bonnie Parker et Clyde Barrow, déjà iconisé à mort sur grand écran sous la caméra d'Arthur Penn en 1967, avec le sublime couple Warren Beatty/Faye Dunaway.
Plus centré sur l'enquête entourant les crimes de ces deux amants fous ayant littéralement défrayés la chronique durant l'Amérique de la Grande Dépression (tout en jouissant d'une popularité incroyable, malgré leur quatorze victimes), ainsi que sur leur fin funeste, que le couple en lui-même - comme la quasi-intégralité des oeuvres revenant sur leurs affres jusqu'à aujourd'hui -, The Highwaymen, directement flanqué sur une Netflix de plus en plus ambitieuse, se voulait donc comme une mise en image constamment vissée sur les deux rangers vétérans Frank Hamer et Maney Gault, désireuse de rétablir une véracité historique un brin perverti - pour le meilleur - par Penn mais surtout la contre-culture populaire depuis plus de quatre-vingts ans.Sur le papier, l'invitation ne manquait pas d'intérêt, tant Hancock avait convoqué pour son rôle-titre, l'image même du Robin des Bois des temps modernes pour tous les cinéphiles biberonnés au cinéma des 90's, Kevin Costner, ainsi que le vénéré Woody Harrelson, dont le bon souvenir du flic bougon et alcoolique de la vénéré True Detective, est encore fraichement ancrée dans nos mémoires.
A l'écran en revanche, le résultat oscille entre le sensiblement fascinant et le passablement ennuyeux, sur un tout petit peu plus de deux heures franchement bien tassées.Totalement tourné vers ses personnages (on ne découvrira Bonnie & Clyde qu'à l'aube de leur execution pure et simple), The Highwaymen peut se voir autant comme un hommage vibrant au Texas Rangers, ultimes shérifs/chasseurs d'une justice à l'ancienne à une heure où les méthodes policières sont en passe de se moderniser (à défaut des mentalités), qu'aux vrais polars à l'ancienne... à forte tendance réac, dans une plongée au coeur de l'un des mythes majeurs du grand banditisme américain, rétablissant la violence des crimes du couple pour mieux contrebalancer avec leur horrible mise à mort.
Intéressant, ce point de vue inédit n'en est pas moins totalement plombé par une mis en scène sans ampleur et sous déambulateur d'Hancock, ainsi que par un rythme lancinant et amorphe, uniquement boosté que par quelques petites fusillades peu bandantes et le jeu impliqué, sans fondamentalement être original, du charismatique duo Costner/Harrelson, convaincants même s'ils nous ont déjà offert de telles performances ailleurs - en mieux.
Totalement focalisé sur eux - leur alchimie est palpable -, quitte à clairement brader sa riche galerie de seconds couteaux de luxe (la merveilleuse Kathy Bates en tête), littéralement en charentaise là où il aurait pu/dû être viscéral et haletant, The Highwaymen est aussi bien une petite déception qu'une oeuvre old school presque hors du temps, courant autant après ses criminels mythiques qu'un souffle épique qu'il ne trouvera finalement jamais.Le pire, c'est que la ballade n'est pas si désagréable que cela, pour une oeuvre estampillée Netflix...
Jonathan Chevrier