Mais peut-être que le film s’est monté pour les mauvaises raisons, et en particulier monté pour Ingrid Bergman. La meilleure actrice de son époque avait déjà eu deux formidables collaborations avec Hitchcock mais s’apprêtait alors à tomber dans les bras de Roberto Rossellini. Il s’entoure également de Joseph Cotten qu’il avait fait jouer dans l’Ombre d’un Doute. Mais ce qui dénote, c’est cette plongée dans le film d’époque qu’il n’avait pas tenté depuis 10 ans et la Taverne de la Jamaïque.
Il en résulte alors une sombre histoire d’aristocratie anglaise située en Australie sortant alors de son statut de colonie pénitentiaire, avec évidemment un mariage malheureux et un meurtre à la clé. Toutefois, le rythme n’est pas forcément des plus prenants et les personnages ne sont pas les plus intéressants qu’ait exploré le réalisateur et l’ennui point rapidement le bout de son nez.
Heureusement, un Hitchcock, même mineur, reste toujours digne d’intérêt. Et avec ces Amants du Capricorne, on s’intéressera surtout aux choix de mise en scène du réalisateur avec des plans séquences travaillés et surtout de belles transitions (cette larme d’Ingrid Bergman!) qui mettent en valeur cette oeuvre romanesque portée à bout de bras par son actrice principale.
Pour mieux en comprendre l’intérêt, on s’intéressera surtout au travail éditorial qu’a fait l’éditeur, l’Atelier d’Images, autour du film avec des bonus d’époque intéressant. L’interview de Claude Chabrol qui revient sur son expérience avec Hitchcock et délivrant nombre d’anecdote sur François Truffaut et sa célèbre interview (dont on retrouve d’ailleurs un long extrait) est vraiment chouette. Puis la présentation du film en 75 par Truffaut ou plus récemment par le spécialiste Patrick Brion apportent des éclairages intéressants. Pour les fans, une édition qui vaut donc le coup d’œil.