Un grand merci à Metropolitan Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Blindspotting » de Carlos Lopez Estrada.
« J’ai vu des flics buter un noir hier soir... »
Encore trois jours pour que la liberté conditionnelle de Collin prenne fin. En attendant de retrouver une vie normale, il travaille comme déménageur avec Miles, son meilleur ami, dans un Oakland en pleine mutation. Mais lorsque Collin est témoin d’une terrible bavure policière, c’est un véritable électrochoc pour le jeune homme. Il n’aura alors plus d’autres choix que de se remettre en question pour prendre un nouveau départ.
« Tu es un repris de justice. Et tu le resteras tant que tu auras pas prouvé le contraire »
En anglais, « Blindspot » signifie « angle mort ». Un espace caché, qui échappe au champ visuel et dont on ne sait pratiquement rien. Un qualificatif qui convient parfaitement à la ville d'Oakland, banlieue défavorisée et longtemps marginalisée dont la précarité des habitants fut longtemps cachée derrière le rayonnement insolent de sa grande et prospère voisine San Francisco. Pour son premier film, le réalisateur Carlos Lopez Estrada porte à l'écran un scénario écrit voilà déjà près de dix ans par Rafael Casal et Daveed Diggs, ses deux acteurs principaux. « Blindspotting » est ainsi une chronique douce-amère - et surtout amère - de la vie dans ces quartiers, qui évoluent en marge du rêve américain. On y suit ainsi les derniers jours de conditionnelle de Collin, un jeune trentenaire qui a été en prison pour des faits de violence et qui en sort bien décidé à reprendre sa vie en main.
« Tu crois que je peux devenir un mec bien ? »
Mais le film nous rappelle combien, même avec de la bonne volonté, il est difficile de s'extraire et de s'affranchir du ghetto quand on y a grandit et qu'on a été conditionné pour y (sur)vivre selon ses règles spécifiques, marquées par la violence et les petits trafics. Pour autant, le réalisateur refuse catégoriquement tout misérabilisme et tout apitoiement de ses personnages sur leur sort. Au contraire, il manie minutieusement la dérision pour traiter des galères de ses personnages. D'ailleurs, au travers de leurs péripéties (le héros se retrouve témoin du meurtre d'un jeune noir par un policier, tandis que son ami achète sans réfléchir un revolver qui lui causera bien du tort), le film parle avec subtilité de cette Amérique à deux vitesse et aborde la difficile question du racisme ordinaire et de la violence omniprésente dans la société. En creux, au détour de quelques scènes cathartiques et visuellement très poignantes (la course dans le cimetière notamment), il rend compte du malaise social grandissant dans cette Amérique marquée par les violences et les bavures policières. Un film beaucoup plus malin qu'il n'en a l'air et éminemment percutant.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale américaine (5.1) ainsi qu’en version française (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de Scènes coupées, d’un Making of, d’un Journal de tournage, des Commentaires audio des acteurs Daveed Diggs et Rafael Casal et de Bandes-annonces.
Edité par Metropolitan Films, « Blindspotting » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 28 mars 2019.
Le site Internet de Metropolitan Films est ici. Sa page Facebook est ici.