[CRITIQUE] : Gloria Bell

[CRITIQUE] : Gloria Bell

Réalisateur : Sebastián Lelio

Acteurs : Julianne Moore, John Turturro, Caren Pistorius, Michael Cera, Brad Garrett, Holland Taylor,...
Distributeur : Mars Films
Budget : -
Genre : Romance, Comédie dramatique
Nationalité : Américain
Durée : 1h41min

Synopsis :

La cinquantaine frémissante, Gloria est une femme farouchement indépendante. Tout en étant seule, elle s'étourdit, la nuit, dans les dancings pour célibataires de Los Angeles, en quête de rencontres de passage. Jusqu'au jour où elle croise la route d'Arnold. S'abandonnant totalement à une folle passion, elle alterne entre espoir et détresse. Mais elle se découvre alors une force insoupçonnée, comprenant qu'elle peut désormais s'épanouir comme jamais auparavant…


Critique :

Rares sont les films s’intéressant aux femmes libres en tout simplicité. #GloriaBell vous touchera grâce au charme évident de Julianne Moore, mais aussi à son sous-texte: il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui n’a pas besoin d’un homme pour danser et briller (@CookieTime_LE) pic.twitter.com/yKg8JKvvIx— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) April 29, 2019

Quand certains réalisateurs ont une filmographie plus ou moins cohérente et réussie, d’autres passent de films en films comme si tout cela était facile pour eux. Sebastián Lelio fait bien évidemment parti de la seconde catégorie. Depuis 2013 et son film Gloria (qui a valu à son actrice principale Paulina García l’ours d’argent au Festival de Berlin), Lelio a tourné son cinéma vers les femmes, pour raconter avec délicatesse leur façon de prendre leur destin (hors du commun ou non) en main. Une Femme Fantastique lui a ouvert les portes des Oscars et lui a permis de faire un film avec les deux Rachel les plus “bankable” de Hollywood (McAdams et Weiz). Désobéissance, adaptation du livre du même nom de Naomi Alderman, était le film le plus intimiste, tendre et délicat de 2018 (sans aucun doute possible). Il nous revient avec un autre film en anglais, avec cette fois Julianne Moore.

[CRITIQUE] : Gloria BellQue faire après avoir tenu toutes les promesses faites à la société ? Mariée, puis divorcée, mère de deux enfants devenus adultes, Gloria (Julianne Moore), la cinquantaine passée goûte à une liberté bien méritée. Elle fréquente un bar réservé aux célibataires de son âge, aime boire, danser, s’amuser, chanter. Toutes nouvelles activités sont les bienvenues : le yoga, un atelier du rire, le paintball, etc… Une vie solitaire, peut-être mais où le fun est de mise. Un soir, alors qu’elle se livre à une danse endiablée sur la piste, elle croise le regard de Arnold (John Turturro), un homme divorcé. Gloria se surprend à renoncer à sa liberté et à réfléchir en tant que couple. Mais sont-ils prêts ? Si l’histoire vous dit quelque chose, c’est parce que c’est la même que celle de Gloria, celui de 2013. Sebastián Lelio n’a pas caché que Gloria Bell était un remake. Cependant, si vous avez déjà vu le premier, il n’est peut-être pas intéressant de voir le deuxième, car il ne propose pas de nouveau point de vue. Nous avons à faire au même film, plan par plan, mais à la place de la géniale Paulina García, la non moins géniale Julianne Moore.

[CRITIQUE] : Gloria BellLe réalisateur ne met pas l’histoire d’amour au premier plan. Ce qui lui importe, c’est son personnage principal et sa progression. Elle exprime ses sentiments via des chansons phares des années 80’s, qu’elle chante à tue tête dans sa voiture. Gloria Bell suit le quotidien de cette femme, bien loin du cliché de la célibataire ménopausée, éprise d’une bluette sur le tard, qui l’ouvre à la vie. Ce serait plutôt l’inverse. Cet épisode amoureux lui ouvre la possibilité de ressentir ses émotions sans forcément les cacher : comme quand elle fait demi-tour à l’aéroport pour dire au revoir à sa fille, se laissant aller aux sanglots à la vue de tous (au lieu de chanter sa tristesse dans sa voiture) ou se laisse aller à la colère avec un pistolet de paintball sur son ex. Lelio donne aussi la part belle à ses autres relations : amicales mais aussi avec ses enfants, avec qui elle reste assez complice.

[CRITIQUE] : Gloria BellA contrario de son film Une Femme Fantastique, magnifique fresque sur une femme trans, où le réalisateur n’hésitait pas à se montrer visuellement original, Gloria Bell se contente de suivre son héroïne simplement, ce qui donne de la place à Gloria pour s’épanouir. C’est l’écriture fine et la lumière en néon de Natasha Braier qui vient sublimer le film.

Il est rare de voir des films s’intéresser autant à une femme libre, filmée en tout simplicité par un cinéaste talentueux. Gloria Bell saura vous toucher, grâce au charme évident de Julianne Moore, mais aussi grâce au sous-texte : il n’y a rien de plus beau qu’une femme qui n’a pas besoin d’un homme pour danser et briller.


Laura Enjolvy

[CRITIQUE] : Gloria Bell