Le piège à cons

Par Platinoch @Platinoch

Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Le piège à cons » de Jean-Pierre Mocky.

« Pendant dix ans je me suis passé de la France et la France s’est passée de moi ! »

Michel Rayan a été radié de l’Education nationale après les événements de mai 68. Après un exil volontaire de dix ans en Asie, il revient en France. Dès son débarquement au Havre il se met à la recherche de Serge Lanier, l’un de ses anciens élèves, avec lequel il est resté en contact durant ces années. Il sait que Serge est l’un de ceux qui, refusant de rentrer dans le rang, sont prêts à tout pour lutter contre la corruption du système. Mais avant que les deux hommes ne se retrouvent, Serge est abattu, victime d’une bavure policière. Francine Vaneau, son amie, décide de le venger. Elle entraîne Michel dans son combat…

« En 68 les barricades, aujourd’hui les pétitions... Encore dix ans et vous chanterez l’Ave Maria ! »

Jean-Pierre Mocky en truand séducteur qui débarque au Havre en y faisant passer en douce des diamants avant de rejoindre un groupe de jeunes terroristes, ça vous dit quelque chose ? Normal,  c’était l’introduction de « Solo », polar nerveux et anar’ tourné en 1970 dans une veine très soixante-huitarde. Mais c’est aussi, peu ou prou, l’amorce du « Piège à cons », tourné près de dix ans plus tard. Cette fois, plus question d’assassiner des bourgeois aux mœurs dépravés.  Les temps ont changé, les luttes aussi. L’ennemi s’est institutionnalisé et a désormais pignon sur rue puisqu’il s’agit d’un parti politique et de ses élus, corrompus jusqu’à la moelle. Boudé par ses anciens camarades de lutte, désormais assagis et rangés des voitures, le héros et sa jeune protégée partiront ainsi seuls contre tous dans une folle croisade vengeresse visant à dénoncer la corruption de l’élite dirigeante et sa trop grande proximité avec les milieux d’affaires.

« Les caisses noires existent depuis toujours en France, alors pourquoi un jour comme aujourd’hui on nous embête avec ça ? »

Ce qui leur vaudra d’être traqués par toutes les polices de France, y compris par le service d’ordre du parti dont les méthodes de barbouzes ne sont pas sans rappeler le SAC avec lequel toute ressemblance ne semble pas tout à fait fortuite. A l’instar des polars hollywoodiens de cette époque, Mocky joue ici - avec une forme de second degré - la carte de la paranoïa, imposant un final fataliste dans lequel les puissants demeurent toujours intouchables et victorieux. Son film se révèle ainsi plutôt nerveux et mordant, même si certaines sous-intrigues (la caisse noire et le financement d’un projet sur la Méditerranée) demeurent pour le moins confuses, pour ne pas dire absconses. Reste que l’ensemble ressemble beaucoup trop (dans son esthétique comme dans sa construction) à son très bon « Solo » pour véritablement réussir à nous surprendre. A l’aune des années 80, Mocky clôt ainsi - peut-être un peu trop tranquillement - sa trilogie politico-policière débutée avec « Solo » et « L’albatros ».

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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0). Aucun sous-titrage n’est disponible.

Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Jean-Pierre Mocky qui revient sur la genèse du film.

Edité par ESC Editions, « Le piège à cons » est disponible en DVD depuis le 5 mars 2019.

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