Synopsis : Miles Morales est un adolescent vivant à Brooklyn. Après avoir obtenu accidentellement des pouvoirs d'araignée, lors d'une expérience du Caïd pour ouvrir un portail inter-dimensionnel, il fait la connaissance de plusieurs Spider-Man alternatifs : un Peter Parker attristé par sa récente rupture avec Mary Jane et désabusé, Spider-Gwen (Gwen Stacy), Spider-Ham (une version cochon de dessin-animé de Spider-Man), Spider-Man Noir (un Spider-Man venu des années 1930) et Peni Parker (une jeune adolescente Spider-Woman version manga). Tous ensemble, ils vont devoir faire équipe pour vaincre le Caïd et ramener chaque Spider-Man dans sa dimension respective.
Il y a quelques mois sortait un nouveau film de super-héros. Encore un ?! Oui, mais non. A côté du Marvel Cinematic Universe, le duo Lord/Miller investit le domaine de l'animation pour tenter de proposer une relecture différente et frénétique, aux vues des premières bandes-annonces, de la plus célèbre araignée des comics : Spider-Man. Est-ce que, outre le tapage médiatique de la présence de deux footballeurs au casting, et alors que le film sort aujourd'hui en DVD, réussit-il son pari de donner un grand coup de frais dans la fourmilière Marvel ? Tentative de réponse en quelques points.
Les super-héros sont-il condamnées à être un produit de consommation sans âme ? On pourrait penser que c'est ce que le film cherche à dénoncer, tant via le subversisme de sa forme comme de son fond. En ouvrant avec une sublime critique de l'origine même de l'araignée sur grand écran, la trilogie de Sam Raimi, Spider-Man : New Generation semble vouloir moquer tous les travers de l'adaptation de l'oeuvre de Stan Lee et Steve Dikto sur grand écran. Pourtant, au fur et à mesure que l'oeuvre se déroule, on se rend compte que, plus que la moquerie, le film impose une vraie remise en question sur le statut de Spider-Man (et des super-héros en général) sur grand écran. En effet, le film choisit adopter un style visuel très marqué, qui semble se rapprocher très fortement du style des comics. Outre la patine visuelle, il va également chercher à travailler les codes de ces oeuvres originelles pour en constituer un véritable hommage vibrant. C'est là finalement que réside la vraie intention de Spider-Man : New Generation : en profitant de l'animation, les réalisateurs peuvent nous offrir un film en marge des tendances actuelles, notamment avec le MCU, en offrant une oeuvre proche des comics originels.
C'est en se rapprochant au maximum de son média d'origine que Spider-Man : New Generation va appliquer exactement ce que son titre annonce : il ouvre la voie à une nouvelle génération. Une nouvelle génération de manière frontale avec la mise en lumière, pour la première fois véritablement sur grand écran, de Miles Morales, véritable avenir de l'araignée, qui est apparu il y a 8 ans dans les comics. Véritable vent de fraîcheur, il offre la possibilité au septième art d'éviter de décliner une énième fois l'histoire de Peter Parker, connu par presque tous : c'est d'ailleurs cette impression de passage de témoin, entre ce Peter Parker vieillissant, en bout de course, et Miles qui illustre cette notion, plus large qu'un simple film, d'un nouveau visage pour Spider-Man. Si cela aurait pu mettre de côté les non-connaisseurs du comics, il n'en est rien : en introduisant convenablement ce nouveau personnage, il laisse au spectateur la chance de s'attacher à ce dernier et ainsi construire mentalement une nouvelle légende, ouvrant ainsi de nouveaux possibles.
Mais Spider-Man : New Generation n'est qu'un film de transition ? Oui, et non. La volonté d'hommage plus ou moins positif, notamment au tout début du film, marque cette volonté de mettre de côté le passé pour ouvrir une nouvelle ère de l'homme araignée. De ce point de vue, et cela tout le long du film, Spider-Man : New Generation n'hésite pas à jouer avec ces prédécesseurs pour montrer que, plus l'oeuvre avance, et plus on bascule dans une nouvelle ère. La volonté de rabattre les cartes semble évidente, mais plus qu'une transition, c'est une vraie reconstruction qui s'engage. Fini le recyclé, les super-héros s'ouvre à l'ère de l'animation, cherche à oeuvrer désormais au plus proche des comics d'origine et de son perpétuel chamboulement. En se rapprochant ainsi du média d'origine, le film se donne alors toute la liberté de prendre des parti-pris intéressants. C'est justement là que le film trouve finalement son essence même : se rapprocher des codes pour finalement chercher à les imploser minutieusement, et transmettre à une nouvelle génération un autre avenir, un autre univers pour les super-héros : la première grande ère Marvel est née avec les films Spider-Man de Sam Raimi ; la succession, elle, s'ouvre donc à nouveau avec l'homme araignée.
Si le film n'est pas exempt de tout défaut, la faute à quelques longueurs scénaristiques et une richesse qui fait parfois perdre ses repères aux spectateurs, il n'en reste pas moins que Spider-Man : New Generation s'affirme avec Logan comme le meilleur film de super-héros de la décennie. Véritable bombe visuelle, il offre une oeuvre déjà culte, sonnant comme un grand coup de pied à un genre qui semblait se complaindre dans sa recette, Spider-Man : New Generation nous offre une alternative à la machine MCU et la perspective d'un autre avenir pour les super-héros, un avenir qui nous tarde de découvrir.
Note
9/10
Bande-annonceQuelle claque ! Novateur visuellement, Spider-Man : New Generation est la grosse pépite super-héroïque de ces dernières années. Petite perle qui mérite amplement son Oscar, il démontre que nos héros masqués peuvent encore avoir un bel avenir devant eux.