Un grand merci à ESC Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les vierges » de Jean-Pierre Mocky.
« La liberté n’est pas à sens unique. Est-ce que les hommes attendent le grand amour ? Alors pourquoi les femmes le devraient-elles ? »
Elles sont cinq. Marie-Claude, Geneviève, Christine, Sophie et Nora. Cinq jeunes filles aux caractères très différents et aux ambitions multiples qui vont, tour à tour, faire l’expérience du premier amour et des hommes. Certaines s’épanouiront, d’autres apprendront le mensonge, d’autres encore verront leurs rêves brisés. Mais toutes vont apprendre qu’en amour, rien n’est simple, mais tout est possible.
« J’adore les filles comme vous : pas de sentiment superflu, on sait ce qu’on veut. Je serai triste que vous n’ayez pas la petite vie confortable dont vous rêvez »
Enchainant les apparitions sur grand écran depuis l'adolescence, Jean-Pierre Mocky gagne progressivement ses galons d'acteur jusqu'à devenir l'un des jeunes premiers les plus prometteurs du cinéma français des années 50. Mais au milieu de la décennie, il fait le choix de mettre sa carrière de comédien entre parenthèse pour se consacrer à la réalisation qu'il apprendra en assistant les plus grands. Tourné en 1960, son premier film, « Les dragueurs », est ainsi un portrait tout en légèreté et très Nouvelle-vague des mœurs de la jeunesse parisienne d'alors. Fort d'un succès public inattendu, le jeune réalisateur est encouragé par ses producteurs à faire un film similaire mais au féminin. Ce sera « Les vierges », tourné deux ans plus tard, et qui semble construit comme un miroir par rapport aux « Dragueurs ». Cette fois, il sera question de cinq jeunes filles s'apprêtant chacune à perdre sa virginité, donnant lieu pour chacune d’elles à une histoire distincte bien que toutes soient reliées entre elles par des personnages communs.
« Je me suis fait pardonner une faute que je n’ai pas commise et que je vais commettre avec toi ! »
Chacun de ces cinq personnages féminins représente ainsi un archétype de femme : la raisonnable qui attend le mariage pour se donner, l'audacieuse qui passe à l'action avec un inconnu juste parce qu'elle a décidé que le moment était venu, l'amoureuse qui se donne de façon sacrificielle ou encore la calculatrice qui manipule les hommes en se donnant au plus offrant. Forcément l'ensemble, symbole d'une France encore largement conservatrice dans laquelle le sujet de la sexualité reste en partie tabou, parait assez désuet. Il offre néanmoins un témoignage assez intéressant sur la jeunesse de l'époque et ses aspirations. Surtout, loin d’avoir déjà laissé éclater sa verve anar’, Mocky laisse néanmoins poindre ici les prémices de ses penchants libertaires qui seront sa marque de fabrique : l’amour charnel doit rester une fête et c’est bien dans les cadres les plus rigides (ici le conformisme bourgeois symbolisé par les jeunes mariés à la mentalité étriquée, qui médisent sur le comportement des filles faciles) qu’il s’y épanouit le moins. C’est aussi pour le cinéaste l’occasion de réunir un sacré casting porté par ceux qui deviendront au fil de ses films suivants sa famille de cinéma (Jean Poiret, Francis Blanche, Jean Tissier, Charles Aznavour...) et une brochette de jeunes débutants qui deviendront vite célèbres (Stefania Sandrelli, Gérard Blain, Yves Rénier, Patrice Laffont...). Rafraichissant.
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Le DVD : Le film est présenté en version originale française (2.0). Aucun sous-titrage n’est disponible.
Côté bonus, le film est accompagné d’un entretien avec Jean-Pierre Mocky qui revient sur la genèse et le tournage du film.
Edité par ESC Editions, « Les vierges » est disponible en DVD depuis le 5 mars 2019.
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