Un grand merci à BQHL Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Tendre est la nuit » de Henry King.
« Le meilleur moment d’une soirée c’est quand tout le monde est parti »
Brillant psychiatre dans une clinique suisse, Richard Diver tombe amoureux de Nicole Warren, une patiente aussi riche qu’instable sur le plan émotionnel. Il la soigne, la guérit et l’épouse en dépit des mises en garde de son mentor, le Dr. Dohmler, qui l’avertit des risques qu’il prend pour sa carrière. Et, effectivement, peu à peu, Diver délaisse la psychiatrie pour mener une paisible et opulente existence, notamment dans le Sud de la France. S’il aime toujours sa femme, il ne résistera cependant pas au charme et à la jeunesse de Rosemary Hoyt, une starlette de cinéma…
« Vous ne pouvez pas être l’amoureux et le psychiatre de la même femme »
En 1962, Henry King a 76 ans et arrive à la fin d'une belle et longue carrière entamée cinquante ans plus tôt, à une époque où les films étaient muets et où le nom de Hollywood ne signifiait pas encore grand chose. Ainsi, après avoir filmé moult drames et autres fresques d'aventures en costumes, Henry King consacre les dernières années de sa carrière à s'intéresser à deux grandes figures de la littérature américaine contemporaine: Ernest Hemingway dont il porte trois romans à l'écran entre 1952 et 1958 (« Les neiges du Kilimandjaro », « Le soleil se lève aussi » et « Le vieil homme et la mer »), et Francis Scott Fitzgerald, dont il filme la déchéance précoce en adaptant « Un matin comme les autres », le récit de Sheilah Graham, la dernière compagne de l'auteur. Un portrait sans complaisance et finalement assez peu reluisant de cet écrivain de génie, aussi insaisissable qu'autodestructeur. Aussi, pour son ultime film, le cinéaste se devait de rendre justice au talent de l'écrivain en adaptant son roman le plus célèbre, « Tendre est la nuit », publié en 1934.
« Vous devez comprendre que quand les rechutes cesseront, ce sera la fin de l’amour : quand elle réalisera avoir épousé un homme humain, faillible et non un dieu, ce sera fini »
Derrière la beauté des décors de la Riviera française et des couchers de soleil sur la plage, « Tendre est la nuit » est le triste récit d’une illusion. Celle d’un couple de riches mondains, qui coule des jours heureux dans l’oisiveté et qui se perd dans des fêtes sans fin, donnant à tous l’image d’un bonheur conjugal parfait. Mais chez Scott Fitzgerald les apparences sont - forcément - trompeuses. Si la nuit - synonyme de fête - est tendre, c’est aussi par opposition aux journées qui s’avèrent d’une terrible vacuité. A force de paresser et de boire, Richard, dandy désabusé, n’est pas devenu le grand psychiatre qu’il rêvait d’être et n’intéresse plus les cliniques que pour les capitaux qu’il pourrait apporter. Quant à son mariage avec Nicole, il ne tient que sur l’illusion qu’elle a besoin de lui pour garantir son équilibre psychique. « Tendre est la nuit » est ainsi un déchirant mélodrame, où l’amertume et la mélancolie se cachent derrière les relents de champagne, de jazz et de déglingue. Sans doute l’œuvre la plus autobiographique de cet écrivain lucide, tourmenté et terriblement autodestructeur, parfaitement incarné ici par Jason Robards qui tient pour la première fois le haut de l’affiche. Un joli film triste donc, qui souffre tout de fois un peu de la mise en scène quelque peu empesée de King.
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Le blu-ray : Le film est présenté dans un nouveau Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Aucun bonus ne vient compléter cette édition.
Edité par BQHL Editions, « Tendre est la nuit » est disponible en combo blu-ray + DVD depuis le 27 février 2019.
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