Sidération. C'est ce qui décrirait le mieux la réaction de la masse lorsque le premier trailer de Pokémon : Détective Pikachu sortait de nulle part il y a quelques mois. Le projet, qui avait tout pour être un ratage complet, a pourtant suscité une certaine vague d'optimiste à la découverte des premières images. A tort ou à raison ? Tentative de réponse en quelques points.
L'univers Pokémon reste un des univers de pop culture les plus riches mais également un de ceux dont l'ancrage dans nos esprits est le plus net. Le défi face à un premier film de grande audience était donc de convenir à tout le monde, aussi bien néophytes que fans de toujours. C'est là que réside la grande réussite de cette oeuvre : contrairement à la majorité des oeuvres de divertissement, qui ne se concentre uniquement sur leur but final, celui d'offrir purement aux spectateurs ce qu'ils veulent comme une to do list, le film renverse la vapeur et se concentre sur un but plus initial : apporter une ouverture sur le monde des Pokémons. Construit comme un véritable hommage, le film couronne l'esprit d'une licence iconique. Véritable fourmillement visuel permanent, le film ne vire pas dans le fanatisme écervelé. Les Pokémons ne sont pas ici un prétexte pour ramener les foules, ils trouvent une place centrale dans le récit qui semble plus taillé pour eux que pour les humains. Ultra-référencé, Pokémon : Détective Pikachu en oublie heureusement de tomber dans le ringard et de fourmiller de séquences sans queue ni tête. Appuyé également par des effets spéciaux de toute beauté, le film semble réussir un pari qui semblait fou initialement : celui de rendre un hommage sincère et somptueux à une licence qui a trop longtemps été oubliée par le cinéma de blockbusters. Plus que des responsables marketing, le film semble être fait par des vrais passionnés de la franchise, ce qui est devenu malheureusement trop rare de nos jours.
Pikachu (Ryan Reynolds)Mais est-ce qu'un film passionné est nécessairement un excellent film ? C'est là que surgissent les premiers couacs de l'oeuvre. Sans vouloir trop prendre de risque, le scénario, quoi qu'efficace et pas foncièrement mauvais, semble être un copier-coller du jeu vidéo homonyme, gâchant le suspens aux connaisseurs dudit jeu, suspens malgré tout relativement haletant pour les néophytes. Malgré tout, le scénario est, comme dans la majorité des blockbusters hollywoodiens, somme toute très classique dans sa construction ou son développement, malgré quelques prises de risque. On assiste aussi à une mise en scène d'un classicisme assommant, notamment plombé par une photographie aux fraises (à croire que tous les efforts visuels sont passés dans les effets spéciaux), mais l'autre force du film est ailleurs : une magnifique alchimie se dégage entre Ryan Reynolds et Justice Smith. Le premier hérite d'un rôle écrit sur-mesure pour lui, comme un prolongement plus intéressant de son Deadpool, tandis que l'autre s'en sort admirablement face à un personnage complexe, et profitant d'une excellente interaction avec son Pikachu. Si Watanabe et Nighy cabotinent comme jamais, la jeune Kathryn Newton s'en sort avec les mentions honorables.
Pikachu (Ryan Reynolds) et Tim (Justice Smith)Au final, Pokémon : Détective Pikachu garnit la partie haute du panier des divertissements. Abordant des thématiques lourdes comme le deuil ou la transmission familiale, le film n'oublie pas de prendre son temps et de se limiter à l'essentiel pour faire le taff le plus correctement du monde. Sans non plus prétendre au titre du film de l'année, il n'en reste pas moins que le film prouve que l'on peut réussir un pari risqué, en y mettant du coeur et en ne prenant pas ses spectateurs pour des pigeons.
Note
7/10
Bande-annonceTranspirant l'espritde sa licence, Pokémon : Détective Pikachu est la consécration d'un projet qui avait tout pour se planter. Si le film reste classique, il en reste un divertissement intelligent, rafrâichissant, porté par un magnifique duo Reynolds/Smith et des effets spéciaux d'un qualité incroyable.