[CRITIQUE] : Et puis nous danserons

[CRITIQUE] : Et puis nous danserons
Réalisateur : Levan Akin
Acteurs : Levan Gelbakhiani, Bachi Valishvili, Ana Javakhishvili,...
Distributeur : ARP Selection
Budget : -
Genre : Drame
Nationalité : Suédois, Géorgien
Durée : 1h45min
Synopsis :
Le film est présenté à la Quinzaine des Réalisateurs au Festival de Cannes 2019
Merab s'entraîne depuis son plus jeune âge au sein de l'Ensemble National Géorgien avec sa partenaire de danse, Mary. Son monde est brusquement bouleversé lorsque le charismatique et insouciant Irakli arrive et devient à la fois son plus fort rival et son plus grand désir. Dans un contexte conservateur, Merab doit se libérer et tout risquer.

Critique :
Avec #AndTheWeDanced, Levan Akin signe un portrait de la jeunesse géorgienne, prise entre les traditions qui les enchaînent à une seule norme et une modernité à laquelle qu'ils aspirent. Un film aussi fougueux et tendre qu'un premier amour. (@CookieTime_LE) #Cannes2019 pic.twitter.com/XB5hDjylrx— FuckingCinephiles (@FuckCinephiles) 16 mai 2019

Levan Akin, réalisateur suédois, ouvre le premier jour de compétition de la Quinzaine des réalisateurs après la soirée d'ouverture où Le Daim de Quentin Dupieux était projeté. Akin revient vers ses racines, la Géorgie, pour nous plonger dans les danses traditionnelles du pays. Danse qui représente les valeurs géorgiennes, son côté très stricte où les hommes doivent être virils et les femmes innocentes et virginales. C'est après le terrible événement du 17 mai 2013 où des jeunes gens ont été blessés alors qu'ils se dirigeaient vers la Gay Pride que le réalisateur décide de filmer son prochain film dans le pays. L'année d'avant, elle n'avait même pas eu lieu, arrêté par une manifestation anti-LGBT. Le réalisateur s'est dit choqué que de tels événements existent encore et décide de faire un film où un jeune homme va découvrir sa sexualité et en même temps va se détacher des normes pour se créer sa propre virilité.

[CRITIQUE] : Et puis nous danserons

Mereb est un jeune homme passionné de danse. Il s'entraîne tous les jours et participe à un spectacle, où il fait un duo avec sa partenaire de toujours Mary. Le problème c'est que le chorégraphe le trouve mou et faible, alors que la danse symbolise la virilité. "Il n'y a pas de sexe dans la danse géorgienne, ce n'est pas la lambada" lance-t-il. Évidemment, cette réplique fait sourire, mais elle cache une vérité : la Géorgie est un pays très traditionaliste, le sexe, les deviances de toutes sortes n'ont pas leur place. Quand le petit nouveau de la troupe, Irakli, arrive, Mereb se sent mis de côté. Irakli respire la virilité et finit par remplacer Mereb pour le duo. Pourtant cette colère se transforme petit à petit en respect, puis en désir partagé.
Mereb est un jeune homme qui se cherche. Bien qu'il n'a pas le profil pour danser (dans les normes géorgiennes), il s'entête. Il fait d'abord tout pour rentrer dans la norme. Il travaille, il a une petite amie. Mais la caméra nous fait sentir qu'il n'est pas à sa place. Quand il danse, il est séparé de sa partenaire et des autres danseurs. La caméra, en mouvement, suit ne le lâche jamais. Le spectateur sent un basculement quand le professeur décide changer les duos, et qu'il se retrouve à danser avec Irakli. La caméra enveloppe les deux hommes et une fluidité apparaît, les deux corps sont en osmose. Au fil de leur répétition, Mereb et Irakli entament une amitié, puis une relation plus intime, dans le secret. En parallèle, un danseur de la compagnie de danse est renvoyé à cause de son homosexualité et mis dans un monastère par ses parents. Des auditions sont mises en place pour le remplacer. Un évènement qui nous montre le danger de leur intimité. Mereb serait-il capable de laisser tomber sa passion pour embrasser totalement qui il est ? Et ainsi mettre la honte à sa famille, surtout son frère aîné ? 


[CRITIQUE] : Et puis nous danserons

Il se trouve que oui. Et puis nous danserons est un véritable récit initiatique. Du jeune homme réservé et obéissant, il se transforme pour devenir l'homme qui lui convient le plus. Un homme avec une autre forme de masculinité. Plus douce, plus libre, comme le montre sa danse de fin, métaphore de sa sexualité libérée. Le film, loin de le condamner, lui donne la permission d'être lui-même. Mary, sa "petite amie" le soutient, ainsi que son frère, dans une scène émouvante d'amour fraternel. 

Levan Akin signe un portrait de la jeunesse géorgienne, prise entre les traditions qui les enchaînent à une seule norme et une modernité qu'ils aspirent. And Then We Danced est aussi fougueux et tendre qu'un premier amour. Premier coup de cœur du festival. 
Laura Enjolvy
[CRITIQUE] : Et puis nous danserons