Plus je défriche l'oeuvre de Agnès Varda et plus j'apprécie cette cinéaste. Sa filmographie est autant un trésor inestimable, que le signe d'un cinéma particulièrement riche et imaginatif. Et pendant près de soixante ans, elle a bâti un subtil camaïeu de fictions et de documentaires, ou quelques soient le sujet, rien n'échappa à l'œil de la grande Varda. Me concernant pour l'instant, je préfère ces documentaires, parce qu'ils sont toujours bercés par l'empathie dont la cinéaste faisait preuve et qui révélait ce que chaque interlocuteurs avaient au fond de lui, selon le sujet l'émotion était toujours là. Et en amoureuse de son art, Agnès Varda s'équipe d'une petite caméra numérique et fasciné par les possibilités que ça lui offre elle prend la première route, à la recherche « des glaneurs ».
Le glanage est une pratique qui date du Moyen-Age et qui autorise après la récolte à ce que les plus nécessiteux viennent ramasser ce qui restait au sol, en opposition au « grapillage » qui consiste à prendre ce qu'il reste sur les arbres, tels les arbres fruitiers par exemple. Agnès Varda sillonne la France à la rencontre de ceux qui pratiquent encore cela, qui viennent à plusieurs une fois que la moisson est faites pour remplir des seaux, des cabas, des poches … qui rempliront des coffres de voitures, de patates, d'oignons et tant d'autres choses. Une pratique que l'on aurait pu croire désuète, car il n'y a qu'à voir les premières personnes qu'elle interroge, qui parle de ça en se remémorant leurs enfances. Mais voilà la société à beau avoir changé, elle n'a toujours pas éradiqué la pauvreté.
C'est ainsi qu'on découvre avec notre « Glaneuse d'images » le portrait de gens à part, cabossés par la vie ou simplement en marge, qui pratiquent cela, pour améliorer le quotidien, ou comme pour certains pouvoirs juste vivre comme ils le souhaitent. Sauf que cela ne marche pas toujours ainsi, car ce que l'on ne comprends pas on le rejette. Bref, Agnès Varda, l'esprit critique dehors, ainsi que la gentillesse qui semblait chevillé à son corps dépeins deux mondes distinct. Ils sont parfois complémentaires, mais aussi parfois tellement éloigné, que l'on ne sait plus si chacun d'eux sait que l'autre existe, ou on d'un côté on est capable des plus grandes prouesses technologiques et scientifiques, mais ou de l'autre on accepte de gaspiller, détruire et jeter, que de valoriser ça pour en faire profiter les plus démunis, tout ça à cause de l'argent.
« Un peu partout en France, Agnès a rencontré des glaneurs et glaneuses, récupereurs, ramasseurs et trouvailleurs. Par nécessite, hasard ou choix, ils sont en contact avec les restes des autres. Leur univers est surprenant. On est loin des glaneuses d'autrefois qui ramassaient les épis de blé après la moisson. Patates, pommes et autres nourritures jetées, objets sans maître et pendule sans aiguilles, c'est la glanure de notre temps. Mais Agnès est aussi la glaneuse du titre et son documentaire est subjectif. »
Les Glaneurs et la glaneuse – Réalisé par Agnès Varda