90's

90'sForteen in nineties
Voici un teen-movie détonnant, sec et âpre bien souvent, à l’image de son sujet : le délicat passage de l’enfance à l’adolescence et la violence de ce choc vécu par ces petits êtres juvéniles. Jonah Hill (habitué des comédies potaches de Appatow) livre un premier film très personnel sur cette période charnière et observe avec finesse la fougue d’un jeune garçon de 13 ans perdu entre sa mère démunie devant éduquer seule deux ados ; et un frère renfermé qu’il idéalise en secret et qui fait preuve d’une violence sèche avec lui. Aucun pathos, aucun ressort mélodramatique ni d’angélisme durant les 1h25 que dure le film ; mais que de coups s’inflige ou prend le petit Stevie ; démontrant par-là que grandir est compliqué et que c’est le fruit de coups encaissés et de savoir à chaque fois se relever. Le jeune garçon ne va esquiver aucun rite de passage. Et le réalisateur capte chacune des émotions dans le regard incroyablement expressif de son jeune interprète, Sunny Suljic. On suit donc ce jeune Stevie, lâchant couette « Tortues Ninja » pour s’affirmer et grandir au contact d’une bande de skateurs rencontrés dans la rue. Là aussi Hill a bon goût de ne pas jouer la carte nostalgie à tout va avec du placement produit estampillé 90’s à tout va ; juste la belle scène de Stevie entrant dans la chambre de son grand frère comme Ali Baba découvrant le trésor de la grotte. La caméra est toujours discrète et à juste distance, les seconds rôles sont aboutis, et la bande son est démente. Un film sur la préadolescence à ne pas montrer malgré tout aux préados, le montage sec et choc de certaines scènes noyés dans une certaine langueur pourraient être violentes à recevoir. Un beau film.

Sorti en 2019
Ma note: 16/20