Rocketman, critique

Rocketman, critique

Après Freddie Mercury, c’est une autre icône pop-rock des années 70/80 qui a le droit à son biopic au cinéma. Les années de jeunesse et de folie d’Elton John sont donc évoquées dans Rocketman, véritable comédie musicale enflammée.

Rocketman, critiqueLa comparaison avec Bohemian Rhapsody va forcément avoir lieu. D’une part parce que les deux films traitent d’icônes de la même période, dans le même domaine, avec une personnalité forte, et produite l’une par les membre restant du groupe, l’autre par la star himself. En plus de cela les deux films ont le même réalisateur puisque juste après avoir plus que dépanné la production du biopic de Queen, Dexter Fletcher prend pleinement en main le projet Rocketman, après que Taron Egerton ai été confirmé dans le rôle d’Elton John. Ça tombe bien, les deux avaient déjà travaillé ensemble sur Eddy the Eagle.

Mais disons-le d’emblée, Rocketman s’envole stratosphériquement bien au dessus de Freddie Mercury grâce à un parti pris fort, une performance d’acteur dingue et un sujet vraiment touchant jusqu’au bout, sans parler de plusieurs idées de réalisation qui font mouche.

Elton John, le musical

Dès les premières scènes, Rocketman annonce la couleur. Premièrement, il sera le récit d’un homme drogué, alcoolique, colérique, boulimique et en grand manque d’amour, deuxièmement, ce sera une comédie musicale dans laquelle ses propres chansons servent à illustrer les moments de sa vie. Ainsi, bien qu’étant produit par Elton John himself (et donc pouvant largement donner lieux à l’impression d’hagiographie), le film a plus à raconter que des fait historiques sur la carrière de l’artiste.

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Bien entendu, nous aurons droit aux clichés narratifs du biopic avec l’enfance malheureuse, la révélation du talent, le succès, le manager/amant manipulateur, la chute et surtout la rédemption. De ce côté là, rien de neuf. Mais c’est pourtant fait de manière à la fois assez ostentatoire et créative pour que l’on passe largement au dessus de ce schéma classique.

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En effet, en utilisant le prisme de la comédie musicale, les chansons d’Elton John ne sont pas prises dans l’ordre chronologique et peuvent aussi bien servir pour évoquer l’enfance de l’artiste que sa chute aux enfers. En ce sens le scénario de Lee Hall (Billy Elliot) et la réalisation de Dexter Fletcher s’associent parfaitement pour donner de la fluidité et de l’énergie au film où les chansons ne sont pas là pour redonner du rythme ou assurer le fan service mais bien pour raconter l’histoire avec des tableaux remplis d’idées de mise en scène (la chanson-titre est en cela bien servie).

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Elton John, un vrai personnage de cinéma

Et quelle histoire ! Car le parcours d’Elton John est évidemment fait de succès et d’excès (et de manière bien moins sage que Bohemian Rhapsody) mais le film met surtout en avant un personnage. Un personnage profondément seul et en manque d’amour. C’est ce qui va surtout nous marquer pendant le film. Ici nous avons affaire à un homme qui est isolé depuis son enfance et que seule une amitié profonde (avec son auteur Bernie Taupin) pourra sauver. Une introspection parfois dure dans la solitude du chanteur à succès qui donne alors à Elton John une dimension réellement touchante.

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Ce personnage est d’ailleurs campé par un Taron Egerton qui a de quoi décrocher les étoiles. La révélation de Kingsman qui avait déjà chanté du Elton John pour le film d’animation Tous en Scène est non seulement une incarnation dingue du chanteur, pouvant passer des larmes au grand sourire en un éclair sans perdre en intensité, de la colère à la folie artistique avec un talent unique au delà du maquillage et de la coiffure, mais en plus il interprète la majorité des titres avec force de conviction.

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Plus qu’un simple biopic sur une pop star, Rocketman est donc surtout une comédie musicale sur un artiste s’enfonçant dans sa solitude, de manière aussi enivrante que touchante. Bref, une belle réussite.