Un grand merci à Rimini Editions pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Miracle en Alabama » de Arthur Penn.
« Je ne crois pas que le pire handicap de votre fille soit sa cécité ou sa surdité. Je crois que c’est votre amour »
Helen Keller a 12 ans. Elle ne voit pas, n’entend pas et présente tous les symptômes d’une déficience mentale. Ses parents font appel à Annie Sullivan, éducatrice aux méthodes révolutionnaires, et elle-même malvoyante. Les premiers contacts entre l’enfant et l’éducatrice sont difficiles et parfois violents. Celle-ci va devoir face à l'hostilité d'Helen et de ses parents effrayés par ses méthodes.
« Vous vous apitoyez sur elle comme sur un petit chien. Mais même un chien doit être dressé »
Avant de devenir l'une des icônes du Nouvel Hollywood et sans doute l'un de ses représentants les plus contestataires (« Bonnie and Clyde », « Little big man », « La poursuite impitoyable »..), Arthur Penn fit ses débuts comme réalisateur de télévision puis comme metteur en scène de théâtre. Ses premiers pas au cinéma, avec le western « Le gaucher » en 1958, furent particulièrement difficiles tant le film fut un échec commercial. Pour se relancer, il décida donc de se lancer en 1962 dans l'adaptation pour le cinéma du roman autobiographique de la romancière Helen Keller, « Sourde, muette et aveugle: l'histoire de ma vie », qui avait été adapté au théâtre par William Gibson. Un texte que le jeune cinéaste connait alors parfaitement pour l'avoir adapté avec une succès successivement pour la télévision en 1957 puis au théâtre en 1959. Il reprend pour l'occasion l'actrice Anne Bancroft dans le rôle principal dont la performance à Broadway avait été saluée par un Tony Award et qui remportera cette fois l'Oscar de la Meilleure actrice.
« Obéir sans comprendre, c’est aussi être aveugle »
Comme « Mandy crash of silence » quelques années avant lui, « Miracle en Alabama » est un film sur l'enfermement puis sur l’éveil d'une petite fille aveugle, sourde et muette, considérée de fait comme une déficiente mentale, et avec laquelle sa famille ne parvient pas à communiquer. Jusqu'à faire venir une préceptrice aux méthodes révolutionnaires, elle-même malvoyante, qui s'évertuera à établir la communication avec la petite fille et à lui enseigner une forme de langage pour lui permettre de s'ouvrir au monde extérieur. Mais en dépit de ses bonnes intentions, l'institutrice devra d'abord se faire comprendre de sa jeune élève et imposer son autorité, ce qui donnera lieu à une relation conflictuelle de nature à effrayer les parents de la petite. Penn filme ainsi sans concessions cette relation complexe et violente marquée par la fronde et la résistance de la petite fille et l'abnégation de sa préceptrice. Ce qui donne lieu à quelques scènes d'anthologie comme lorsque la préceptrice se débat pour finir par forcer la jeune héroïne à se mettre à table et à manger correctement avec ses couverts. Un drame psychologique assez dur qui aboutit à une fable humaniste contre les préjugés et l'exclusion. Le film est aussi un puissant plaidoyer pour l'éducation comme arme de sociabilisation et de progrès, thème alors en vogue à Hollywood (« Graine de violence » notamment). Un beau film donc, même si on regrettera un peu la théâtralité de l’ensemble et le jeu quelque peu caricatural de la jeune Patty Duke.
***
Le DVD : Le film est présenté dans un nouveau master Haute Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0) et en audiodescription. Des sous-titres français et français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Un miracle à Hollywood » : Interview de Frédéric Mercier, critique cinéma. Un livret de 36 pages écrit par Christophe Chavdia complète cette belle édition.
Edité par Rimini Editions, « Miracle en Alabama » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 16 avril 2019.
La page Facebook de Rimini Editions est ici.