Les Hommes du Président ou
« All The President's Men » c'est pour beaucoup l'incontournable dès qu'il s'agit d'évoquer un film sur le journalisme et le travail d'investigation, un indémodable que personne n'a su dépasser. Hélas me concernant c'est plutôt un rdv manqué, à cause notamment d'un blu-ray qui n'a pas très bien fonctionner. Cependant, je ne pouvais pas ne pas le revoir, pour éviter de rester sur une fausse première impression, mais surtout pour pouvoir le jauger face à deux films plus contemporains, que sont Spotlight et The Post, des références aussi dans leurs domaines." En 1972, cinq hommes sont arrêtés pour avoir pénétré par infraction dans l'immeuble du Watergate où se situent les bureaux du parti Démocrate. Alors que l'affaire est présentée comme un simple fait divers, deux journalistes du Washington Post, Carl Bernstein et Bob Woodward décident de pousser l'enquête qui les mènera vers les plus hautes sphères du gouvernement."
La première fois que j'ai vu « Les Hommes du Président », je n'ai pas spécialement passé un bon moment, je l'ai trouvé trop long, abscons et surtout peu palpitant, bref c'était loin de ce que j'en attendais. Par contre, lorsque je l'ai redécouvert sur France 5 il y a quelques semaines, il ne m'a pas du tout laisser la même impression, car j'ai pu enfin découvrir le film que j'espérais, celui qui a fait de ce film un incontournable, un pur moment d'investigation !
William Goldman est écrivain, dramaturge, scénariste et c'est lui que l'on retrouve à l'écriture du scénario. Il sera d'ailleurs récompensé par un oscar du meilleur scénario adapté, après avoir eu la statuette quelques années auparavant pour le meilleur scénario original avec « Butch Cassidy et le Kid ». Le seul point commun entre les deux films pour William Goldman ? Robert Redford ! Et c'est tout, car ensuite il s'agit d'une histoire bien plus austère, passionnante certes, mais austère, qui prend vie grâce au livre écrit par Bob Woodward et Carl Bernstein, les deux journalistes du Washington Post ayant dévoilé l'affaire du Watergate.
Avant d’être l'affaire telle que nous la connaissons, le Watergate c'est le nom d'un ensemble d'immeuble à Washington, qui abrite des hôtels, des logements ainsi que des bureaux, comme celui du parti démocrate. Et c'est lors de la nuit du 17 Juin 1972 que tout commence, lorsque cinq individus en possession de matériel d'écoute sont arrêtés, après l’effraction des locaux du parti démocrate. Malgré l’enquête confié au FBI, cela ne fit pas grand bruit, parasité ici et là par diverses pressions venu de plus haut, sauf que c'était sans compter sur l’opiniâtreté de deux journalistes pour détricoter ce sac de nœud derrière ce soi-disant simple cambriolage.
Pour les deux journalistes, cette histoire ne sera jamais simple et c'est sur ce point que le scénariste se concentre, sur la complexité de l'affaire, sur ses nombreuses ramifications et sur le travail d'investigation, afin de rendre hommage à cette profession.
C'est ainsi que Goldman, en parallèle de l'enquête, nous montre tout le côté fastidieux et ingrat du métier de journaliste, afin d'étayer une enquête. Woodward et Bernstein interrogent un nombre certains de témoins, recoupent les infos, les sources, mais aussi ils passent un temps indéfini au téléphone ou encore à la bibliothèque pour éplucher des fiches d'emprunt et récolter un indice, avec comme seule volonté pour avancer faire émerger la vérité ! Un travail d'investigation indispensable, signe de la bonne tenue d'un journal et de ses missions. Avec ce scénario qui se termine sur le discours d'investiture de Nixon, William Goldman nous rappelle tout ça, l'importance de la presse, de sa liberté et de ce garant de l'équilibre des pouvoirs, mais aussi du danger que représente toute attaque à son encontre, ce qui est souvent, malheureusement, le signe d'une démocratie qui ne va pas très bien.
L'ensemble bien mise en scène est au diapason de l'histoire, ou la rigueur est de mise, une rigueur toute journalistique que Alan J. Pakula nous retransmet, patiemment et avec précision, bien aidé par le montage alterné de Robert L. Wolfe. Il nous embarque avec sérieux et conviction, dans les coulisses de la rédaction du Washington Post, reconstitué à l'occasion par George Gaines, ou le blanc prédomine ! Ce qui ne devait être qu'un choix purement pratique lors l'aménagement des locaux du Post, sonne ici comme un choix criant de neutralité, ou ici on interroge que les faits, sans qu'aucune opinion personnelle ne viennent parasiter cela.
Le réalisateur profite à merveille des décors et de la profondeur de champs dont il bénéficie, afin que l'on comprenne les lieux, mais aussi le fonctionnement de la rédaction, à gauche les bureaux des responsables comme celui de Ben Bradlee et à droite l'immense salle de travail ou s'affaire les différents journalistes. Puis à chaque fois que l'un ou l'autre des deux journalistes sorts, c'est idéal pour insérer du mouvement, de la couleur et du contraste, contraste apporté aussi par le travail du directeur de la photographie Gordon Willis. Quant au casting, il est excellent, avec notamment un duo Dustin Hoffman/ Robert Redford particulièrement talentueux !