Un film peut-il devenir culte dès sa sortie ? La question ne se pose que très souvent, puisqu'on pourrait recenser, à notre sens, que 3 exemples dans la décennie : Interstellar, Mad Max : Fury Road et C'était sans compter un 4e film, arrivé sans crier gare, raflant la Palme et le coeur sur la Croisette, et annoncer comme une bombe (presque) sans précédent : Parasite, de Bong Joon-Ho. Est-ce que les dithyrambiques effluves cannoises vont se confirmer en salles et nous laisser un film culte de la décennie ? Où est-ce que cela sonnera comme un pétard mouillé, trop souvent ressenti ces dernières années dans le Sud de la France ? Tentative de réponses en quelques points.
Un film peut-il être sans aucun défaut ? C'est l'impression que l'on peut avoir face aux critiques de Parasite. Force est de constater que les gens n'ont pas forcément tort. En effet, Bong Joon-Ho convoque un premier niveau de lecture modeste, celui d'une lutte filigranée des classes sociales, pour impliquer tous les spectateurs. En prenant le soin de dresser des personnages en forme de vrais portraits humains, le réalisateur coréen construit les bases d'un récit où chacun peut se retrouver dans chaque personnage. En marquant le trait nettement (les riches sont très riches et les pauvres sont très pauvres), Parasite grossit le trait et permet à chacun de se satisfaire en premier lieu, tout en offrant subtilement des questions plus délicates. Car si l'on peut penser que Bong Joon-Ho signe là un film simpliste, il n'en est rien. Cette dualité aux frontières si nettes en apparence s'efface au fur et à mesure de l'arnaque pour dresser le portrait d'une symbiose de faux semblants. Est-ce que nous sommes vraiment enfermés dans une caste sociale ? Pouvons-nous nous en échapper, temporairement ou en permanence ? Autant de questions dont nous ne vous dévoilerons pas la réponse pour ne pas vous révélez l'intrigue, mais auxquelles Bong Joon-Ho répond avec maestria. Le pari est réussi : le réalisateur coréen attaque de toute part pour nous offrir une critique sociale majestueuse, où la notion du mérite égraine l'oeuvre pour offrir un message universel.
En effet, Parasite se veut intentionnellement universel, que se soit dans son message mais aussi dans sa technique. En construit 2 familles similaires (père, mère, fils et fille), Parasite développe son histoire tel une carte à double face, où chaque événement chez l'une des familles a des répercussions dans l'autre, offrant une histoire enfermée dans une maison en espace clos tout en ayant des répercussions universelles. En effet, plus l'histoire avance, et plus la maison semble se refermer sur les deux familles, où le monde extérieur ressemble plus à un échappatoire qu'à un quotidien. Tout cela est permis grâce à la malice de Bong Joon-Ho, qui convoque les codes du film d'arnaque, du thriller et du slasher (entre autres) pour offrir une oeuvre multi-stylistique, où l'on passe par toutes les émotions. Cette richesse stylistique répond à la richesse thématique et vient confirmer une chose : Parasite est un très, très grand film.
Un film peut-il sans défaut ? C'est peut-être le cas de Parasite, mais nous n'y risquerons pas nos plumes. Est-ce que Parasite est un chef d'oeuvre ? Cela ne fait guère de doute, tant l'oeuvre est grandiose. Sans crier gare, Parasite s'impose déjà comme une oeuvre majeure, une des plus grandes Palmes de ce siècle. Le succès que rencontre actuellement le film est amplement mérité, et on gage sans trop de risques que le film gagnera ses galons de film culte sans trop de difficultés.
Note 10/10
Bande-annonceQuelle claque que ce Parasite ! Multi-stylistique, ultra-riche, Bong Joon-Ho libre un véritable chef d'oeuvre pour une Palme amplement méritée. Courez le voir !