De Bong Joon Ho
Avec Song Kang-Ho, Lee Sun-kyun, Cho Yeo-jeong
Chronique : Il l’avait déjà brillamment montré avec The Host, et à un degré (bien) moindre avec Okja, mais Bong Joon Ho confirme qu’il est un virtuose du mélange des genres. Il parvient à balader ses spectateurs avec une déconcertante facilité entre rires, larmes et effroi. Parasite est autant une comédie qu’un drame familial, un thriller aux allures de Home Invasion autant qu’une pertinente satire sociale.
A travers cette fable moderne que n’aurait pas renié Claude Chabrol, le réalisateur coréen expose en effet avec férocité l’affrontement de classe qui sévit dans son pays.
D’abord sur un ton badin et ludique, puis de manière plus pernicieuse, il décrit comment une famille des quartiers populaire va parvenir à s’immiscer dans le quotidien d’une famille bourgeoise. Les rapports d’abord courtois vont progressivement se tendre et créer une atmosphère de plus en plus anxiogène qui culminera dans un final angoissant et violent.
La mise en scène de Bong Joon Ho est au cordeau, faisant se percuter l’élégance de plans larges traduisant l’opulence de la demeure des Park et le burlesque que provoque l’urgence de la condition de la famille de Ki-Taek. A la fois drôle et saisissante, elle est faite de fulgurances et offre des scènes mémorables (une nuit d’orage, une inondation, un goûter d’anniversaire…), trop nombreuses pour toutes les citer. Le réalisateur coréen orchestre ce jeu de dupe comme un ballet qui commencerait par quelques pas de danse feutrés et s’achèverait dans une chorégraphie opératique et macabre.
C’est si bien construit qu’on passe sur les heureuses coïncidences et les facilités scénaristiques (l’«intrusion» est étrangement simple) pour profiter pleinement de son rythme parfait.
La diversité de ton de Parasite est sa richesse, son style protéiforme qui pourrait être déroutant est au contraire le gage de sa fluidité narrative et l’expression d’une indéniable intelligence. Un tour de force. La Palme 2019. Evidemment.
Synopsis : Toute la famille de Ki-taek est au chômage, et s’intéresse fortement au train de vie de la richissime famille Park. Un jour, leur fils réussit à se faire recommander pour donner des cours particuliers d’anglais chez les Park. C’est le début d’un engrenage incontrôlable, dont personne ne sortira véritablement indemne…