Aujourd'hui, nous apprenons la mort du grand réalisateur Franco Zeffirelli survenu ce 15 juin 2019 à l'âge de 96 ans.

Né en 1923 à Florence hors mariage, Gian Franco Zeffirelli est le fils d'une créatrice de mode et d'un marchand de tissus. Ne pouvant s'en occupé sa mère le confie à l'orphelinat des Innocenti. Etant arrivé le jour des Z sa mère l'enregistre sous le patronyme Zeffiretti en hommage à Mozart - Zeffiretti étant les "petites brises" de l'opéra "Idomeneo" de Mozart - une faute d'orthographe transforme son nom en Zeffirelli ! Il ne reverra pas samère qui meurt alors qu'il n'a que 6 ans.

Pour l'anecdote, des chercheurs ont démontré que Franco Zeffirelli était un des rares qui était encore en vie ayant un lien avec Leonard De Vinci, il serait le descendant d'un frère ou d'un soeur du génie de la Renaissance.

Il grandit ensuite sous les auspices d'une communauté d'expatriés anglais nommée Scorpioni, une période de sa vie qui lui inspirera un de ses futurs films... Grâce à une de ces dames anglaises il apprend l'anglais et découvre Shakespeare. Il sort ensuite diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Florence en 1941, puis suit des études d'art et d'architecture à l'Université de Florence. Lors de 39-45, il devient combattant vers 1943 mais devient vite interprète pour le bataillon britannique du 1st Scots Guard. Il retourne à ses études dès 1945 mais après avoir vu la pièce "Henri V" de et par Laurence Olivier il décide de se tourner vers le théâtre.

Il a la chance d'être présenté à un certain Luchino Visconti (ensemble ci-dessus) et devient son assistant-réalisateur sur le film "La Terre Tremble" (1948). Si leurs rapports sont souvent orageux il n'en demeure pas moins que Visconti aura une influence majeure sur Zeffirelli. Il sera son assistant encore quelques années notamment sur "Senso" (1954).

Leur relation se tend encore lorsque Zeffirelli prend son envol en devenant dans un premier metteur en scène d'opéra ; une activité qu'il continuera durant des années.

Néanmoins, Zeffirelli écrit et réalise son premier long métrage avec la comédie "Camping" (1958 - ci-dessous).

Mais finalement il retourne à l'opéra dirigeant notamment Maria Callas à Dallas en 1959 et collaborant entre autres avec les grands opéras de Londres, New-York et Paris.

Après plusieurs années, il écrit (comme quasi tous ses films) et réalise une célèbre pièce de Shakespeare, "La Mégère Apprivoisée" (1967) avec le couple star Elizabeth Taylor et Richard Burton (tous les trois ci-dessus). Le succès du film l'encourage à poursuivre sur cette voie et signe ensuite l'adaptation "Roméo et Juliette" (1968 - ci-dessous) où il choisit pour les rôles titres deux jeunes acteurs inconnus qui ont, pour une des rares fois, l'âge de leurs personnages. Collaborant avec le compositeur Nino Rota le film est un succès mondial (qui restera le plus gros succès du cinéaste !) avec en prime lauréat de deux Oscars pour la photographie et les costumes.

Il prend son temps et ne revient qu'après quelques années en réalisant le film "François et le Chemin du Soleil" (1972) sur la vie de François d'Assise. Ce film semble avoir plu au Vatican, le pape Paul VI demande au cinéaste de diriger la mini-série "Jésus de Nazareth" (1977) avec une distribution prestigieuse dont Laurence Olivier, Rod Steiger et Christopher Plummer. Ces téléfilms reçoivent un accueill dithyrambique et connaissent un succès considérable à travers le monde... Pour l'anecdote, quand le film "La Dernière Tentation du Christ" (1988) de Martin Scocese sort avec un sujet similaire Zeffirelli sera de ceux qui prendra position contre en déclarant notamment : "pur produit de la chienlit culturelle juive de Los Angeles qui guette la moindre occasion de s'attaquer au monde chrétien".

Le reconnaissance mondiale le pousse à se rendre aux Etats-Unis où il accepte de tourner le remake "Le Champion" (1979) sur un scénario qui n'est pas de lui mais de Walter Newman connu notamment pour les scénarios de "Le Gouffre aux Chimères" (1951) de Billy Wilder et "L'Homme au Bras d'Or" (1955) de Otto Preminger. Il enchaîne avec un second mélodrame hollywoodien dont il n'écrit pas le scénario, "Un Amour Infini" (1981) est malheureusement un second échec et restera dans la postérité pour être le premier film où apparaît un certain Tom Cruise.

Il revient en Italie et se lance durant plusieurs années dans des films originaux qui s'avèrent être des "opéras filmés" dont il signe également les scénarios adaptés comme "La Traviata" (1982) et "Othello" (1986) tous les deux adapté des opéras de Verdi et avec le célèbre ténor Placido Domingo.

Il revient à un cinéma plus "classique" mais toujours avec Shakespeare pour le film "Hamlet" (1990) avec de nouveaux un casting de stars dont Mel Gibson, Ian Holm, Glenn Close et Alan Bates.

Zeffirelli adapte ensuite un roman pour "Mémoire d'une Sourire" (1993) avant de signer l'adaptation "Jane Eyre" (1996) avec Charlotte Gainsbourg dans le rôle titre.

Il réalise ensuite un de ses films les plus connus, "Un Thé avec Mussolini" (1999) qui est semi-autobiographique et qui relate son expérience auprès de dames d'une communauté anglaise alors qu'il était enfant.

Son dernier film est une biographie, "Callas Forever" (2002) avec Fanny Ardant dans le rôle-titre. Malheureusement, malgré l'intérêt certain du cinéaste pour la diva ce film est souvent considéré comme le plus décevant.

Alors que son mentor Luchino Visconti était communiste, Zeffirelli est lui très clairement classé à Droite. Il devient par ailleurs sénateur étiqueté Forza Italia en 1994 et sera réélu jusqu'en 2001.

Malgré cela, le cinéaste fait son coming-out en 1996.

Franco Zeffirelli demeure un réalisateur majeur du cinéma italien, s'il a été profondément marqué par Visconti il aura su façonner une filmographie unique et personnelle particulièrement inspirée par Shakespeare et l'opéra.

Franco Zeffirelli est mort ce samedi 15 juin 2019 à l'âge de 96 ans.