SYNOPSIS: Brillante historienne, Diana Bishop est une sorcière qui renie ses origines. Quand elle tombe par hasard sur un livre ensorcelé dans la bibliothèque d'Oxford, elle comprend qu'un grave danger menace. Sur son chemin, elle croise Matthew Clairmont, un énigmatique vampire de 1500 ans. Ensemble, ils devront percer les mystères de ce manuscrit et s'assurer qu'il ne tombe pas entre de mauvaises mains.
Adaptée de la trilogie éponyme - best-seller, évidemment - de Deborah Harkness, professeur d'Histoire de son état, A Discovery of Witches sobrement traduit par Le Livre Perdu des Sortilèges (appellation sous laquelle vous peinerez à trouver quelque information que ce soit, tenez-vous le pour dit) est avant tout le récit initiatique d'une sorcière, Diana Bishop ( Teresa Palmer) qui a renié ses origines toute sa vie. Alors qu'elle manifeste de réels dons de sorcellerie, elle a toujours fermement refusé l'héritage qui est le sien jusqu'à ce qu'un mythique livre d'alchimie entre comme par magie en sa possession. La résurgence de ce tome oublié va attiser la convoitise de toutes les autres créatures peuplant encore notre monde - sorcières, vampires et démons - et déclencher un véritable cataclysme dans la vie de Diana, à commencer par l'alliance contre-nature qu'elle va conclure avec Matthew de Clairmont ( Matthew Goode), un vampire résolu à percer avant tous les autres le secret de la genèse des créatures de la nuit. A mesure qu'un subtil jeu d'échec se met en place dans les coulisses de la Congrégation, Diana voit éclore ses pouvoirs, et renoue avec son passé.
Le pitch laissait présupposer d'une espèce de jeu de pistes ensorcelant, dans lequel des ennemis naturels s'allieraient bon gré mal gré pour éviter que le secret de leurs origines tombent entre de mauvaises mains et provoque, éventuellement, l'éradication de leurs espèces, cachées parmi les humains depuis le commencement. En clair, de prime abord, on s'attend à un Da Vinci Code aux dents longues. Car, ultra-documenté, le parti pris assez original de la saga est que, à l'instar de toutes les autres espèces, l'Histoire des créatures magiques peut se lire dans leur ADN, lequel évolue avec le temps... et dégénère. Abordée de manière quasi universitaire ( Diana la sorcière est historienne et le vampire est généticien), la question des origines des créatures de l'ombre a de quoi passionner les adeptes du genre. Hélas, alors que l'on espère un moment lorgner vers un X-men chez les sorciers, on se rapproche d'avantage de la saga Twilight que de Blade (argument avancé sur la jaquette d'ailleurs). Et c'est là que le bât blesse : les sempiternels clichés.
La première moitié de la saison, qui compte 8 épisodes de 42 minutes, ne tient que sur les acquis qui ont fait du film de vampires une réussite (qu'elle soit mi-figue ou mi-raisin) : l'idylle naissante que l'on renifle mieux qu'un buveur de sang parti à la chasse au dahu, entre la belle ingénue sans défense et le prince des ténèbres nanti. D'emblée, le procédé agace. D'abord parce qu'encore une fois, on a affaire à une héroïne débilisée, qui doit se placer sous la protection de son preux chevalier. Ensuite parce que le stéréotype du ténébreux vampire écorché par les siècles que-c'est-trop-canon-un-immortel-qu'en-a-bavé-mais-qui-s'est-rangé et qui, en plus, est plein aux as comme Christian Grey, on en a soupé. Quant à la représentation de chaque caste, elle va à l'essentiel : les vampires sont assoiffés de sang, de pouvoir et de luxure, les sorcières jouent avec les éléments, font des cercles de feu et lisent dans des bols... quand les démons, eux, ont su rester simples. Pas grand-chose sous le capot en matière d'innovation donc. Et pourtant...
A partir du 5 ème épisode - c'est long, 4 épisodes en termes d'exposition - la machine s'ébroue enfin, époussète un peu la poussière sur ses jantes, et taille enfin la route. On a la sensation d'être entré dans le vif du sujet, d'aborder l'ensemble déployé péniblement en amont (personnages secondaires, desseins des diverses forces en présence, idylle et destins scellés...) avec un peu plus de confort... et d'envie. On s'attache enfin à Diana ( Teresa Palmer), on profite enfin d' Alex Kingston et de Valarie Pettiford, ainsi que de la trop rare Sophia Myles. On pardonne à l'auteure d'avoir choisi Venise comme décor principal (qui évoque beaucoup trop Twilight pour le coup) et on se prend à attendre avec une certaine impatience la suite des événements. Heureusement portée par un casting agréable - au premier rang duquel Matthew Goode incarne à la perfection le vampire un rien suranné qui a su se fondre dans notre époque, en digne héritier de l'image romantique érigée au 19 ème siècle - on distinguera Lindsay Duncan et Malin Buska, tandis que l'ombre de Game of Thrones plane en la personne de Owen Teale (il y incarnait Alliser Thorne). A cet égard, on attend plus de coups bas, d'intrigues et de trahisons à venir ! On passera sur les effets spéciaux, qui vont du très bon au franchement risible, sur les transitions intempestives et les hoquets narratifs pour se concentrer sur les décors grandiloquents et la romance, convenue mais efficace. Le charme opère peu à peu, distillant enfin sa magie en seconde partie de saison : il était temps ! On l'aurait néanmoins souhaité moins frileuse, plus sulfureuse, plus violente aussi, peut-être, en tout cas plus abrasive, puisqu'il y est question de sang et de désir...
Diffusée depuis le mois de mars sur SyFy et sortie en dvd/Blu-ray chez Koba Films le 12 juin 2019 pour la France, la série a réalisé d'excellents scores outre-Manche, ce qui lui assure d'ores et déjà deux saisons supplémentaires, respectivement les adaptations des tomes 2 et 3 de la saga fantastique ( L'Ecole de la Nuit et Le Nœud de la Sorcière), et lui apporteront une conclusion que l'on espère un peu moins sage que cette première saison, cantonnée à la catégorie des plaisirs coupables. Coupable ou non, il n'y a pas grand mal à se faire plaisir... non ?
Crédits : Koba Films