En bientôt 20 ans de carrière, Mr Oizo, aka Quentin Dupieux, s'est affirmé comme un personnage unique dans le cinéma de genre français. Grande gueule, adepte de l'absurde, celui qui est parti pendant une décennie à la conquête de l'Amérique n'a cessé de nous offrir des oeuvres aussi uniques les unes que les autres, aux prouesses techniques indéniables. A l'occasion de la sortie de son 8e film, revenons ensemble, en toute subjectivité, sur la carrière d'un des réalisateurs les plus talentueux d'aujourd'hui.
N°8 : STEAK (2007)
Le seul véritable raté de Quentin Dupieux. Malsain de bout en bout, le film est lourd et ne semble jamais prendre la mesure de son sujet. Faussement porté par la popularité d'alors d'Eric et Ramzy, on sent que Dupieux n'est pas encore vraiment au maximum de ses capacités. Un long moment où le seul moment qui nous éveille est le générique de fin.
N°7 : NONFILM (2001)
Oeuvre amatrice, Dupieux expérimente tout du long son style, et pose les bases de son style. Si la première moitié intrigue et surprend, le film s'essoufle très vite par manque de renouvellement, et le rythme très lancinant du moyen métrage n'aide pas à captiver. Reste au final un petit film sympathique plein de promesses pour l'avenir, et une étape conseillée pour les fans de Dupieux.
Le Daim semble né pour voir Dujardin briller, tant ce dernier délivre tout son talent, bien aidé par une Adèle Haenel en pleine forme. Malgré tout, on sent Dupieux plus concerné à se métaphoriser qu'à produire un bon ensemble, et les nombreux longueurs dans la première partie viennent ternir un film qui avait un potentiel tellement plus incroyable. Si Le Daim est loin d'être insupportable au visionnage, l'ensemble est bien trop léger pour constituer une étape indispensable.
N°6 : WRONG COPS (2013)
Ni vraiment film, ni vraiment série, Wrong Cops est un hybride dans la lignée de Wrong. Quand ce dernier donnait un ensemble solide, Wrong Cops lui se fragmente dans son chapitrage, cassant trop souvent le rythme dans une narration éparse. Il en reste tout de même de jolis moments de bravoure, porté par une des meilleures mises en scène de Dupieux. Pas un immense chef d'oeuvre donc, mais Wrong Cops reste tout de même agréable à visionner, à défaut d'être vraiment marquant.
N°4 : WRONG (2012)
Peut-être la meilleure porte d'entrée dans l'univers de Dupieux, Wrong met en scène un personnage réaliste dans un monde absurde, comme une métaphore de notre place de spectateur dans l'univers du réalisateur. Malgré l'absence de grandes fulgurances, Wrong reste une oeuvre solide où l'esprit de Dupieux est constamment présent, qui se tient dans de bout en bout et offre une vraie séance fraîcheur. Belle surprise.
Revenu en France suite à une décennie américaine, Dupieux met en place un huis clos qui distend les limites de l'absurde. Véritable terrain de jeu pour Benoît Poelvoorde et ses comparses, Au Poste ! rate cependant de peu le coche pour être un grand film, la faute à quelques longueurs dans son dernier acte et à une conclusion sortie de nulle part. N'en reste pas moins un bon film très agréable au visionnage, prouvant que Dupieux et Poelvoorde étaient faits pour se rencontrer.
N°2 : RUBBER (2010)
C'est l'histoire d'un pneu serial killer. Pur exercice de style pour Dupieux, Rubber est un prodigieux hommage au no reason, pan important de son cinéma. En construisant un récit haletant d'un détail banal, Dupieux signe un film captivant par son absurde qui défit à tout moment les lois de la cohérence. D'une grande richesse thématique, Rubber n'est certes pas facile d'accès, mais offre à qui s'ouvrira à lui un grand film fou comme seul le cinéma de genre nous offre.
N°1 : Réalité (2014)
Si Rubber est un grand film, Réalité est dans la catégorie supérieure. Bijou de scénario millimétré par l'absurde, offrant aux acteurs, Chabat en tête, une liberté folle pour exprimer leurs talents, Réalité est l'aboutissement de ces deux forces au cœur du cinéma de Quentin Dupieux. Réalité est l'aboutissement stylistique de Dupieux, le summum d'une carrière, l'oeuvre qui consacre le réalisateur comme un grand réalisateur. N'ayons pas peur de dire que Réalité s'assoit à la table des chefs-d'oeuvre, et reste encore un film à voir dans une vie.