Un grand merci à Pathé pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Paris au mois d’août » de Pierre Granier-Deferre.
« Il n’est jamais trop tard pour avoir douze ans ! »
Un homme reste seul à Paris durant le mois d'août pendant que femme et enfants partent en vacances. Il fait la rencontre d'une jeune anglaise se présentant comme mannequin venue à Paris pour un shooting. C'est l'histoire du dernier amour de vacances d'un homme dans la quarantaine, qui envoie en l'air toutes ses obligations pour vivre une passion d'autant plus forte qu'elle est condamnée par la fin des vacances.
« L’amitié entre un homme et une femme n’existe pas. C’est de la fausse monnaie ! »
Ancien assistant de Marcel Carné, Jean-Paul Le Chanois ou encore Denys de La Patellière, Pierre Granier-Deferre restera célèbre pour avoir été l'un des rares jeunes cinéastes des années 60 à s'être publiquement opposé à la Nouvelle Vague et à se revendiquer d'un cinéma plus volontiers traditionnel. A son actif, on retiendra surtout ses polars à l'ancienne des années 70 avec Jean Gabin (« La horse ») ou Lino Ventura (« Adieu poulet ») ainsi que ses drames poignants avec Simone Signoret (« Le chat », « La veuve Couderc », « L'étoile du nord »). Mais pour l’heure, après des débuts timides, l’année 1965 marque véritablement l’amorce de sa carrière de cinéaste. Une année faste au cours de laquelle il réalise à quelques mois seulement d’intervalle deux films profondément antagonistes : le très sombre « La métamorphose de cloportes » (d’après Alphonse Boudard avec des dialogues de Michel Audiard) et le très beau « Paris au mois d’août ».
« Personne n’est heureux tout le temps. Il ne faut pas être trop gourmand, ça fait mal au ventre »
Adaptation du roman éponyme de René Fallet publié l’année précédente et lauréat du prestigieux Prix Interallié, le film met en scène la rencontre aussi fortuite qu’improbable entre un modeste vendeur de la Samaritaine délaissé par sa famille le temps des vacances et une jeune mannequin anglaise de passage à Paris pour son travail. Deux âmes esseulées et perdues dans la plus romantique des villes, qui plus est désertée de ses estivants. Leur romance improbable sera l’occasion d’une parenthèse enchantée dans leurs mornes existences. Un moment suspendu, comme hors du temps, qui n’appartiendra qu’à eux et au cours duquel chacun pourra s’inventer une vie plus glorieuse et plus trépidante qu’elle ne l’est vraiment. Loin de toute considération morale (sur le mariage ou la fidélité), le film combine une insouciance adolescente à la légèreté d’une bulle de Champagne. Et comme dans tout conte échevelé, on veut croire à cette romance et que cette parenthèse ne se refermera pas, même si l’on sait que le temps joue contre les personnages et que leur histoire est perdue d’avance. C’est d’ailleurs cette absolue fragilité qui fait la beauté de cette histoire. En cela, la scène de leurs adieux et le retour à leur vie « normale » n’en est que plus bouleversante. Granier-Deferre signe là un film solaire, habité d’une belle énergie. Un beau film doux-amer que toutes les âmes romantiques feraient bien de redécouvrir de toute urgence.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée en 2K à partir du négatif original sous la supervision de Pathé en 2018, en version originale française (2.0). Des sous-titres français pour malentendants sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de « Paris au mois d’août » : entretiens avec Erik Berchot (pianiste ami de Charles Aznavour), Jacques Layani (écrivain spécialiste de Granier-Deferre) et Daniel Pantchenko (écrivain biographe de Charles Aznavour) (29 min.) ainsi que des actualités Pathé : « Les aoûtiens » (2 min.), « Paris se transforme » (1 min.), « Les coulisses d’Aznavour » (5 min.) et « La vie du cinéma » (3 min.).
Edité par Pathé, « Paris au mois d’août » est disponible en édition collector combo blu-ray + DVD depuis le 24 avril 2019.
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