Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La vallée de la peur » de Raoul Walsh.
« Une nuit comme celle-ci n’ jamais de fin »
Territoire du Nouveau-Mexique, au début du XXe siècle, Medora Callum recueille Jeb Rand, un jeune enfant dont le père vient d'être assassiné, et l'élève avec ses deux propres enfants, Thorley, alors âgée de trois ans, et Adam, quatre ans. Ceux-ci devenus adultes, elle veut partager ses biens en trois parts égales, ce qui provoque avec Adam, qui a toujours considéré Jeb comme un intrus, un conflit, exacerbé par la naissance de relations amoureuses entre Thorley et Jeb...
« Ne pose pas de question sur le passé parce qu’il n’y aura jamais de réponse »
Pionnier du cinéma américain, Raoul Walsh débute comme acteur avant de se consacrer à la réalisation dès le milieu des années 10. Prolifique et passionné, il sera l’un des rares cinéastes (avec ses condisciples Cecil B. DeMille, John Ford ou encore Henry King) à survivre à l’avènement du cinéma parlant. Ce qui lui confèrera un statut à part ainsi qu’une longévité rare dans l’industrie cinématographique américaine. Durant le demi-siècle que durera sa carrière, l’éclectique Walsh touchera à tous les genres populaires en vogue, s’illustrant notamment dans le film noir (« Les fantastiques années 20 », « La grande évasion »), la comédie dramatique (« Annie du Klondike », « La blonde framboise ») et le western (« La charge fantastique »). Un genre qu’il délaisse – Seconde guerre mondiale oblige – durant toute la première partie des années 40 pour se consacrer aux films de guerre (« Aventures en Birmanie », « Du sang sur la neige ») et auquel il revient pleinement et de façon quasi exclusive dès 1947 avec « La vallée de la peur ».
« Nous nous ressemblons tous les deux. Parfois quand je lis dans tes pensées je sais ce que je ferai si j’étais à ta place »
Il parait qu’on n’échappe pas à son passé. Le problème de Jeb Rand, recueilli alors enfant après la mort de ses parents, c’est qu’il ne sait rien de son passé. Et que ceux qui connaissent son passé – ou du moins celui de sa famille – semblent bien décidés à avoir sa peau. Scénariste alors très en vogue (il vient alors juste de signer le scénario du « Facteur sonne toujours deux fois »), Niven Busch construit le scénario de « La vallée de la peur » en reprenant une partie du canevas scénaristique de « Duel au soleil », mythique western dont il fut l’auteur quelques mois plus tôt. On y retrouve ainsi cette même fratrie reconstituée mais totalement dysfonctionnelle du fait des rivalités et des sentiments contradictoires qui animent les personnages. Et cette même volonté d’introduire des éléments de mélodrame dans un contexte de western. Mais à cette différence près qu’il ajoute à « La vallée de la peur » une véritable dimension psychanalytique, construite autour de flashbacks et d’une montée progressive de la violence qui conduiront le héros à prendre conscience de son passé traumatique pour finalement mieux s’en libérer. Plus étonnant encore, Walsh filme ce récit en lui donnant une dimension quasi gothique, avec des décors (naturels) écrasants et des jeux d’ombre très soignés. Le tout étant admirablement interprété par un Robert Mitchum très charismatique. Un beau western étrange, qui ne ressemble assurément à aucun autre.
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Le blu-ray : Le film est présenté en version restaurée dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné de deux présentation respectivement signées Patrick Brion et Bertrand Tavernier ainsi que du documentaire : « Portrait de Raoul Walsh » (90 min).
Edité par Sidonis Calysta, « La vallée de la peur » est édition médiabook collector Silver DVD + blu-ray + le livre de 152 pages : « Raoul Walsh ou la saga du continent perdu », écrit par Michael Henry Wilson, édité par la Cinémathèque Française, depuis le 23 mai 2019.
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