Le bateau phare

Un grand merci à l’Atelier d’images ainsi qu’à Malavida Films pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « Le bateau-phare » de Jerzy Skolimowski.

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« Ces navires que vous dites libres ne sont libres que parce que nous sommes enchainés. Nous pourrions précipiter la moitié d’entre eux sur les rochers si nous le voulions »

Après avoir récupéré son fils Alex, un adolescent aux prises avec la police, le Capitaine Miller retourne sur le Hatteras, un bateau phare ancré au large des côtes de Virginie. Peu après, l’équipage recueille trois hommes à la dérive sur un canot endommagé qui semblent venir de nulle part. Une fois à bord, ces derniers prennent le contrôle du navire…

« Je bois à tous les capitaines de bateaux heureux dans leurs chaines »

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Petit frère de la Nouvelle-Vague polonaise, Jerzy Skolimoski arrive dans le milieu du cinéma par le hasard de ses rencontres avec Andrzej Wajda et Roman Polanski, dont il devient le scénariste, avant de devenir lui-même réalisateur dès le début des années 60. En quelques années, le succès de ses films « La barrière » (1966) puis « Le départ » (1967) pour lequel il obtient à 29 ans l’Ours d’or du Festival de Berlin, lui assurent une reconnaissance internationale et une place de choix dans le paysage cinématographique polonais. Un état de grâce qui prend fin avec la censure de son film « Haut les mains » (1970). Contraint à l’exil, il quitte sa chère Pologne pour l’Angleterre où il tournera au cours des années 70 ses films les plus célèbres (« Deep end », « Roi, dame, valet », « Le cri du sorcier »). Au tournant des années 80, le cinéaste est rattrapé par ses origines et il tourne coup sur coup trois films intimement marqués par les évènements qui se déroulent alors en Pologne (le bras de fer entre la répression brutale du Général Jaruzelski et la résistance pacifique de Solidarnosc) : « Travail au noir » (1982), « Le succès à tout prix » (1984) et donc « Le bateau-phare » (1986).

« Il y a un coupable en chacun de nous »

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Pour son premier film américain (bien qu’intégralement tourné en Allemagne), Skolimowski choisit d’adapter le roman éponyme du romancier allemand Siegfried Lenz. Soit le récit de l’intrusion sur un navire de trois malfrats qui sèmeront le chaos sur le navire. Un huis-clos maritime dont la trame scénaristique, finalement assez classique, n’est pas sans rappeler celle du mythique « Key Largo » de John Huston. Mais la force du cinéaste est ici de réussir à transcender un récit de facture assez classique grâce à la nervosité de sa mise en scène et à des personnages complexes qui confèrent à ce thriller une dimension psychologique admirable. En cela, le face-à-face que se livrent le capitaine du navire et le bandit se révèle passionnant. Mais plus encore, on retiendra du film sa dimension symbolique, qui renvoie par un jeu de métaphores à la situation de la Pologne, ce bateau enchainé dont le commandement se retrouve disputé par un brave capitaine qui a le calme et la sagesse des vieilles troupes, soucieux de préserver la sécurité de son équipage, et un psychopathe manipulateur, qui tente de pousser l’équipage au crime pour assouvir et justifier sa soif de violence. Un excellent thriller à l’ancienne, donc, porté qui plus est par deux acteurs d’exception : Robert Duvall et Klaus Maria Brandauer.  

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Le blu-ray : Le film est présenté dans un Master Haute-Définition, en version originale américaine (5.1 et 2.0) ainsi qu’en version française (5.1 et 2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.

Côté bonus, le film est accompagné d’une interview du réalisateur Jerzy Skolimowski (2018), d’une introduction du film par le réalisateur enregistré à La Cinémathèque en mars 2019 et de la bande-annonce originale du film (recréée à partir du nouveau master HD).

Edité par l’Atelier d’Images et Malavida Films, « Le bateau-phare » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 2 juillet 2019.

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