Premier film de Monia Chokri (échappée des films de Xavier Dolan), La femme de mon frère est un joyeux bonbon pop acidulé. On y découvre Sophia, une jeune trentenaire québécoise, sur-diplômée et sans emploi vivant chez son frère Karim. Leur relation est fusionnelle mais un jour, ce dernier rencontre la gynécologue de celle-ci et tombe fou en amour (expression canadienne). C'est le début de l'émancipation (non voulue) de Sophia.
Quel réjouissant film ! Les acteurs et surtout l'actrice principale que l'on avait déjà croisé.e.s aussi chez Dolan sont excellents. On aime la verve québécoise avec ses phrases alambiquées et si drôles. L'histoire est bien menée avec sa sempiternelle question : comment grandir dans une société jugée trop narcissique pour Sophia... Ce discours porté par cette adulescente est symptomatique d'une époque où les parents ont vécu le plein emploi alors que les plus jeunes galèrent pour trouver leur premier job. Sauf que Sophia est un poil trop exigeante sur son temps. Mais Sophia va finalement (et ce n'est pas un spoiler) se ranger et trouver l'amour par hasard.
Monia Chokri nous livre ici un formidable premier long-métrage qui annonce par avance une belle carrière. En reprenant des acteurs de Xavier Dolan, elle réussit là un tour de force et nous emmène certes dans une fable aux accents dolaniens mais aussi rohmériens (on pense notamment au titre). La réalisatrice explore avec son film la complexité des rapports familiaux à travers la figure du frère et de la sœur, exubérants dans leur gaminerie si déconcertante. En outre, elle parle aussi des parents qui ne sont pas vraiment sur la même longueur d'onde que les enfants mais qui forment finalement un joyeux bordel à la maison, un véritable bordel d'amour filial.
En bref, un film qui fait du bien et qui est par ailleurs très bien réalisé et monté. On note que c'est Monia Chokri qui a a fait le montage et elle s'en sort très bien pour une première !
A voir et revoir ! Tabernacle, fucking bon film !