Le projet vient de Jack Barth, scénariste surtout à l'oeuvre dans des séries TV comme "The Simpsons" (1995) et surtout "Japanorama" (2002-2007), à savoir l'histoire d'un musicien qui se réveille dans un monde qui n'a jamais connu les Beatles, ce qui lui permet de devenir une star grâce aux chansons dont il est le seul à se souvenir... La société de production Working Title obtient les droits et fait appel à l'un de ses meilleurs collaborateurs pour écrire le scénario, à savoir Richard Curtis connu comme le réalisateur/scénariste des cultes "Love Actually" (2003) et "Good Morning England" (2009).
Curtis emballé va avancé de son côté le nom de Danny Boyle pour la mise en scène. Ce dernier est connu pour des films aussi divers que "Trainspotting" (1996), "28 Jours plus tard" (2002), "Slumdog Millionnaire" (2008), (2010), (2013), (2015). Pour le rôle du musicien c'est Himesh Patel qui s'y colle, comédien inconnu à l'exception notable des fans de la série TV "Damned" (2016-...). Il est entouré de la charmante Lily James vue récemment dans un autre genre musical avec "Mamma Mia ! Here We Go Again" (2018) de Ol Parker, de la pop star Ed Sheeran dans son propre rôle à l'instar de "Bridget Jones Baby" (2016) de Sharon Maguire puis la toujours savoureuse Kate McKinnon vue dans "L'Espion qui m'a Larguée" (2018) de Susanna Fogel... Evidemment, au vu du speech on pense forcément à un autre film uchronique, "Jean-Philippe" (2006) de Laurent Tuel où un fan de Johnny Hallyday joué par Fabrice Luchini se réveillait dans un monde où la star n'existe pas. Selon certaines sources, c'est justement ce film qui demeure l'inspiration originelle !... Mais là où "Jean-Philippe" explore les différentes facettes de la célébrité le film du duo Boyle-Curtis s'avère presque hors sujet puisqu'ils signent avant tout une comédie sentimentale classique. Un hors sujet dommageable tant un monde dans le groupe le plus populaire de son temps ("Aujourd'hui, nous sommes plus populaires que Jésus" dixit John Lennon en 1966 !) offrait un potentiel et des perspectives inouïs sur le rapport au monde, sur le lien fans/stars et même sur l'effet des Beatles sur le monde en général. La première partie est pourtant prometteuse, sans prologue trop long on suit avec plaisir la seconde chance offerte à Jack Malik.
Précisons que l'acteur Himesh Patel chante lui-même les chansons et joue lui-même de la guitare, ces dernières étant ré-orchestrées par le compositeur Daniel Pemberton et Adem Ilhan en s'appliquant à créer des morceaux un peu moins bons que les originaux ! Idée lumineuse puisqu'évidemment Malik n'a assurément pas le génie des Beatles... Alors en toute logique la B.O. est un atout majeur avec les plus grands titres des Beatles de "Back into the USSR" à "Eleanor Rigby" en passant par "Help" et "Hey Jude". Mais une B.O. même géniale n'assure pas un film réussie à elle seule. En vérité, l'uchronie n'est pas le sujet qui nous a été vendue, elle ne sert que de prétexte à une comédie romantique tout ce qu'il y a de banale, d'autant plus qu'elle est traitée comme une une histoire d'amour adolescente alors que les protagonistes ont tout de même le trentaine. En conclusion Danny Boyle réalise une romance sur fond de B.O. The Beatles ni plus ni moins, occultant toute la dimension uchronique ce qui est confirmé par ailleurs par la fin tirée en longueur pour jouer toutes les cordes des émotions dignes d'une belle histoire d'amour. Un hors sujet frustrant que les amateurs de romance excuseront forcément. Ca reste un joli film, un honnête divertissement même si Boyle (avec ou sans pression des producteurs ?!) n'assume et n'assure jamais son sujet à fond.
Note :